Le plus grand désert de sel au monde est situé à plus de 3650 m d'altitude, sur les hauts plateaux de Bolivie. Sa superficie dépasse les 10 500 km2, soit une surface de 150 km sur 100. Sa formation remonte à environ 14 000 ans.
Il y a environ 14 000 ans, une vase étendue d'eau salée formait le Lago Minchin, un lac préhistorique géant. En s'asséchant, il laissa derrière lui deux petits lacs encore visibles, le lac Poopó et le lac Uru Uru. Et par la même occasion, contribua à la formation deux grands déserts de sel, le salar de Coipasa et le gigantesque salar d'Uyuni.
Côté climat, le salar d'Uyuni est parcouru quasiement toute l'année par des vents constants, d'une moyenne de 12 km/h. Une aubaine, pour des aventuriers comme Polo et Stan, qui ont ainsi pu le traverser en kitesurf (lire l'article de geo.fr) . Car si le reste de l'année, l'ancien lac répond bien à l'image que l'on se fait de lui, à savoir un désert asséché à l'épaisse couche de sel, entre janvier et mars, les précipitations inondent le salar d'Uyuni, allant jusqu'à le recouvrir parfois d'une trentaine de centimètres d'eau. De vent, de l'eau, il ne leur en fallait pas plus.
Pour ce qui est de la température, elle oscille autour de 12°C en été (qui, étant dans l'hémisphère sud, va de Novembre à Mars) et 3° en hiver (de Juin à Aoùt). Sachant que cela reste une moyenne et qu'elle peut descendre à -20° la nuit (et c'est encore plus rude dans le Sud-Lipez, lorsqu'on monte à 5000m...).
Il y a du coup deux périodes pour découvrir le salar :
pour bénéficier des incroyables reflets dont il se pare, lorsqu'il est recouvert d'une fine couche d'eau (mais attention toutefois à éviter les mois les plus pluvieux de l'été, de décembre à mars, car il pourrait tout bonnement être impraticable, même en 4x4). Prévoir dans ce cas des lunettes solaires haute-protection, car la réverbération du soleil sur l'eau y est intense.
pour éviter la pluie et découvrir sa version 'désert de sel' plus classique. Nous, nous y étions début Juillet, et on a quand même eu droit à quelques gouttes de pluie, puis de neige fondue, avec en prime un froid d'enfer (bel oxymore) la nuit, qui nous a poussé à acheter de super couvertures supplémentaires au marché d'Uyuni. Lorsque nous l'avons ensuite longé par la piste qui mène à Ollagüe puis au Chili, l'eau a aussi gelé dans les conduits de notre camping-car...
Tout est possible ou presque : vélo, moto, camping-car, camion ou même kite-surf. C'est pas pour rien que le Paris-Dakar en a fait une étape régulière. Mais la plupart du temps, on se contentera avec bonheur de la location d'un tour en 4x4.
C'est ce que nous avions fait, en combiné avec la visite du Sud-Lipez, n'étant pas équipé pour faire cette partie avec notre propre véhicule. En effet, si le salar est tout à fait praticable (hors périodes d'inondation), il n'en est pas de même pour le Sud-Lipez. Les pistes sont rudes et les crevaisons, pour ne citer que ça, sont nombreuses. Avec notre camping-car classique à traction, cela nous paraissait un peu chaud. On a par contre croisé sur place une famille qui en revenait, et l'avait traversé, en une semaine, avec leur camping-car à propulsion. Ils ont quand même passé une journée à essayer de se sortir d'un enlisement...
Petite précision pour ceux qui envisagent de traverser le salar avec leur véhicule, ne croyez pas les on-dits sur les rumeurs d'interdictions : vous avez le droit ! Par contre, il y a des policiers à l'entrée du Salar qui vérifient que votre véhicule est 'conforme' (présence d'un extincteur...). Ce checkin, même les 4x4 des agences y ont droit, et parfois, on voit passer un petit billet pour que ça avance plus vite...
Pour s'y orienter, lorsqu'on le traverse par ses propres moyens, il faut un bon GPS et quelques POI en ligne de mire. Ou alors, il faut suivre les traces laissées dans le sel par les nombreux 4x4 des agences locales, qui suivent quasiment toujours les mêmes chemins (je préfère parler de chemin et non de piste, car il n'y a dans le salar aucune piste officielle, juste des itinéraires plus souvent fréquentés, pour relier un point à un autre)
Si vous optez pour traverser le salar avec une agence, vous en trouverez de (trop ?) nombreuses à Uyuni. Vous pouvez aussi choisir de partir de Tupiza, plus souvent conseillé pour... de mauvaises raisons (voir mon article a ce sujet : Uyuni ou Tupiza ?)
Et c'est quand même une sacrée claque que de se retrouver en plein milieu de cette immensité immaculée. Selon le tour que vous ferez, vous aurez aussi l'occasion d'y assister à un coucher de soleil, ou à son lever. C'est aussi l'occasion de céder à la séance de photos rigolotes et de rivaliser d'ingéniosité pour trouver le cliché auquel personne d'autre n'aura encore pensé (mais là, il va falloir cogiter sévère, parce qu'avec les photos rigolotes au salar d'Uyuni, on pourrait faire une encyclopédie)
(en quechua 'la maison de l'Inca' ou 'maison du chef') parfois aussi appelé l'île du pêcheur, par association avec sa voisine l'île du poisson. Son sol est en grande partie composé de corail, fossiles de l'époque où elle était encore entourée, voire recouverte, par la mer. Elle est couverte de cactus candélabres dont certains sont âgés de 1 200 ans. De nombreux spécimens mesurent plus de 4 mètres, et certains vénèrables vont même jusqu'à atteindre une douzaine de mètres (à raison d'un cm par an, le compte est bon, les plus vieux auraient bien 1200 ans). Dans un registre plus récent, elle possède aussi une chouette géocache, pour les afficionados du jeu mondial... Son accès est payant, en général en supplément dans les tours proposés par les agences locales, mais ça vaut le coup. Ne serait-ce que pour prendre un peu de hauteur pour admirer le salar. Ceux qui prennent le temps d'y rester un petit moment auront aussi certainement l'occasion d'y observer quelques viscaches. On y pratique encore à l'occasion des rituels de l'héritage inca, comme des offrandes à la Pachamama, la Terre-Mère. Le sacrifice d’une femelle lama blanche, le 1er août de chaque année est de ceux-là.
De nos jours, il n'a plus les autorisations sanitaires qui lui permettrait d'héberger pour une nuit les voyageurs, la réglementation n'autorisant les hôtels (de sel ou de briques) qu'en périphérie du salar. Mais on peut tout à fait y faire une petite halte, le temps d'y manger son casse-croute. Juste à côté, se trouve la grande statue de sel du Paris-Dakar et une espèce de sanctuaire à drapeaux de tout pays et de toute revendication (ça va du drapeau breton ou acadien au drapeau arc-en-ciel LGBT).
la Isla del Pescado ('l'île du poisson', mais si mon espagnol médiocre me suffit à comprendre, j'imagine que je n'avais besoin de préciser pour personne), l'île du Cerro Michincha (Cerro = volcan, mais c'est pour mieux vous tromper, voir plus bas) et celle de Pia Pia (qui veut dire... Pia Pia).
La isla del Pescado, qui devrait son nom à sa forme de poisson, se trouve à 25 km au nord-ouest de celle d'Incahuasi. Elle possède elle aussi quantité de cactus géants et reste moins fréquentée que sa grande soeur. Sa superficie est de 1,77 km2 (800mx2,5km).
La isla Pia Pia se trouve à 14 km au sud d'Incahuasi, presque à la limite du salar. Ignorée par toutes les agences, elle a la particularité d'offrir quelques grottes depuis lesquelles on a une vue imprenable sur le salar.
La isla Cerro Michincha se trouve au nord-ouest du Salar, et il est nécessaire d'effectuer un sacré détour dans le parcours pour s'y rendre, mais cela peut être envisagé par ceux qui vont aussi au Cerro Tunupa. Attention, elle n'a rien à voir avec le Cerro Michincha, le volcan, le vrai, de 5305m, qui se trouve beaucoup plus à l'ouest sur la frontière entre la Bolivie et le Chili. D'où sort cette île ? Quel intérêt ? Je n'en ai aucune idée, d'autant que sur les vues satellite, rien ne la distingue du reste de l'étendue blanche du salar d'Uyuni. Alors si quelqu'un décide un jour d'aller voir, je suis preneur d'un retour d'expérience.
Il y en a de nombreux autour de Colchani, à peine entré dans le salar. Les ojos de agua, ceux sont littéralement des yeux d'eau, soit de petites flaques (ou de plus grands lacs, comme dans le désert d'Atacama au Chili), qui viennent ici ponctuer la surface presque lisse du salar. Ils sont formés en même temps que des poches d'air s'échappent de sous la surface, les sous-sols du salar étant encore parcourus par des rivières d´eau douce et d'eau salée qui ne demandent qu'une occasion pour remonter à l'air libre.
On y trouve de nombreux restos pas terribles, au point qu'on se rabattra sur une très bonne pizzeria gérée par un couple américano-bolivien, la Minuteman Pizza, à la déco très sympa. Il y a aussi un bar branché, où on n'a pas mis les pieds, mais qui propose des cocktails à base de sperme de lama (je laisse à d'autres le soin de vérifier l'authenticité de la chose). Il y a aussi un chouette petit marché et des tonnes d'agences pour effectuer un tour Salar + Sud-Lipez.
On y retrouve quelques locomotives à vapeurs du début du 19ème siècle. Ces machines ont eu leur heure de gloire en transportant le minerai d’argent des mines de la région, et maintenant, elles finissent de rouiller tranquillement jusqu'à ce qu'un jour, quelqu'un se décide peut-être à transformer le cimetière en musée.
... qui ressemble plus du coup à une étape obligatoire pour les touristes qui voudraient ramener un petit souvenir du salar. Ce village, c'est la porte d'entrée principale du désert de sel.
dont on voit les 1ères falaises de très loin (notamment depuis l'île d'Incahuasi). Ceux sont celles-là même où fut tourné l'épisode VIII de Starwars, en juillet 2016, alors qu'on s'y trouvait.
(vous avez repéré les 3 sommets à l'horizon ?)
Tunupa est un volcan de 5321m pour être précis (soit environ 1800 plus haut que le salar). Moyennant une journée supplémentaire, son ascension peut être intégrée à un tour du salar, que ce soit au départ d'Uyuni ou de Tupiza. L'entrée se fait depuis le village de Coquesa, et on s'y rend surtout pour son cratère et pour y admirer le lever ou le coucher du soleil. On pourra y rencontrer d'autres habitants, parmi les rares villages qui l'encadrent, comme Tahua. On y visite aussi la grotte des momies incas de Coquesa, dite 'le cimetière de Chullpas', une chullpa (ou chulpa) étant une tour funéraire de certaines civilisations pré-incas.
L'une d'entre elles est pleine de stromatolithes (je vous laisse chercher), tandis que l'autre abrîte un autre cimetière pré-Incas (qui s'appelle donc aussi, en toute logique, le cimetière de las Chullpas, et qui serait issu de la culture Llipi Llipi - 1200 ans avant J.C). On appelle aussi ce site, qui était une caverne sous-marine, la cueva del diablo, et il se trouve à environ 8 km d'Aquaquiza.
Si avec tout ça vous n'arrivez pas à vous concocter votre parcours idéal !
Et en attendant d'y être vous pouvez toujours lire mon carnet de voyage de la Bolivie !