103436 kms au compteur quand on passe la frontière. On quitte le Bélize à 12h30 et on entre au Guatemala à 14h. Tampons, fumigation et pas d'assurance pour ce pays [en 2016]. Kyra est très contente d'arriver au Guatemala. Elle ne voulait pas quitter le Mexique, mais finalement, elle a adoré le Bélize, du coup, elle part avec un bon a priori pour la suite. Moi, je cafouille à nouveau avec l'espagnol. Il m'avait fallu trois jours au Belize pour arrêter de dire 'Gracias' et 'Buenos Dias', et maintenant, je suis à nouveau en mode 'Thank'u' et 'Mo'ning' !
On retrouve notre quotidien : la route qui passe subitement en zone 'terre plein de nids de poule' et les poules qui traversent sans regarder. Au Guatemala, c'est une nouveauté, il y a aussi beaucoup de cochons.
18h Nous entrons dans le parc national de Tikal et nous installons sur le parking du resto 'Jaguar Inn' (qui a meilleure réputation que le camping d'à côté, pour le même prix).
5h du mat. Je suis réveillé par un singe hurleur qui a fait un cauchemard.
6h Cette fois, c'est tout un groupe de singes qui sonnent le tocsin. Ok, je vais faire un tour dehors.
10h On part tous arpenter les ruines. Il y en a beaucoup, très espacées les unes des autres. Tikal était la capitale d'un des plus grands royaumes mayas. C'est pas rien. Heureusement, on a un plan acheté à l'entrée. Très pratique, en français, avec tous les animaux qu'on peut voir. Il ne faut pas en faire l'économie !
Pour les ruines, elles sont bien, mais on sature tous un peu. Le mieux est de faire exactement ce qu'on a fait (on est trop fort) : terminer la journée par les 7 temples et la place centrale, parce que si on commence par ça, les autres pyramides peuvent sembler un peu insipides ensuite. Ah ! Il y a aussi, en haut à droite sur le plan, une pyramide en haut de laquelle on a une vue superbe sur la jungle de Yavin IV ! Merci le guide qui se trouvait là pour la référence à une scène de StarWars A New Hope ! Va falloir que je remate une énième fois le film pour retrouver ça. Après avoir vu Mos Eisley à Tozeur il y a quelques années, j'ai vu le désert des hommes des sables près de Death Valley et maitenant Yavin. Cool !
Tikal, c'est aussi le lieu de la 1ère géocache créée au Guatemala, alors on y a laissé notre 1er TB !
Tikal, ça restera surtout pléthores d'animaux.
Singes araignée, singes hurleurs...
un araçari à collier (genre de toucan), vautour noir (pour Oriana et Eliott), des très beaux dindons ocelés, des ortalides, un cassique de Montezuma. Le plus impressionnant n'était pas l'oiseau, mais les nids, qui pendouillent comme des grands sacs en haut des arbres. Ceux qui comme nous connaissent la saison 2 ou 3 du dessin animé s'exclameront 'Les Barbapapas !'. On était 5 à le dire en même temps ! (Milie ?)
Oriana et Kyra ont aussi vu un perroquet à ventre rouge. On a tous vu un pic (mais noir à tête rouge, pas vert !)
... et... aucune tarentule, même si on a failli : je demandais à un gars qui passait le balai au pied d'une pyramide si c'était des trous d'araignée au sol et il m'a proposé de m'en montrer une. Il part seul en débusquer une et quand il revient, il croise un guide et lui explique qu'il va nous la montrer. Le guide lui dit que non, que les responsables ont dit qu'il ne fallait plus déranger les petites bêtes. Du coup, quand il me rejoint (mais avec Oriana, on était pas loin, on a tout entendu), c'est pour me dire qu'il en a vu une... mais qu'elle s'est sauvée ! ;-)
A noter que malgré une journée de promenade dans les pattes, c'est encore Eliott et Kyra qui repèrent les plus beaux oiseaux sur notre chemin du retour, pour terminer en beauté sur un arbre à colibris de couleur noire (les colibris, l'arbre lui, était plutôt blanc). J'offre une carte postale au premier enfant qui sera capable de faire des recherches pour retrouver le nom de cette espèce (de colibri, pas de l'arbre) que je ne connaissais pas. Attention, pour celle là, seuls les moins de 15 ans peuvent jouer !
Au final, nous décidons de payer pour une seconde nuit au restaurant. Mais ça devient chaud : plus rien pour le petit déj demain, les douches finissent de vider notre réserve d'eau (quid de la vaisselle demain matin ?) et vu qu'on est à l'ombre, on pompe beaucoup sur notre réserve électrique. Bientôt le retour à la vie sauvage ?
Oriana et Karine ont regardé un film hier. Du coup, plus de batterie sur l'ordi pour moi ce matin. Grrrr !
Ayant beaucoup tardé pour partir ce matin-midi, nous nous sommes arrêté à Flores pour manger... faire des courses... jouer à l'aire de jeu... et au final remanger et dormir sur le parking. Journée inoubliable donc.
Petit tour à l'aire de jeu avant de partir ? Un classique ; avec toutes les trainouilles qui vont avec, on est prêt à partir à 14h. Encore une journée inoubliable en perspective...
15h Controle de police militaire entre Flores et Sayaxche. Les deux gars nous font signe de nous garer sur le côté. Ils avaient trop envie de visiter le cc ! Ca commence par de furieux coups d'oeil à l'arrière depuis la fenêtre conducteur, puis un 'ah, vous êtes une famille', qui reste LE multipass partout où on va, et ça se poursuit par un 'je peux aller controler l'intérieur', suivi d'un amusant 'je peux monter ?' devant la porte de la cellule. 'Bien sur, c'est toi qui tient le fusil à pompe' (euh, ça, je l'ai pas dit, j'ai pas encore le vocabulaire en espagnol). Pour finir, on conclut l'échange sur des conseils pour notre prochaine destination touristique...
3 km plus loin, nouveau contrôle, mais cette fois ce sera juste un 'vous pouvez passer et faites bonne route'. En fait, la formule locale, c'est 'Què vaya bién' (je l'écris au feeling, bien que je comprends plutôt 'québoyben'), et qui veut dire 'Que votre voyage se passe bien'. C'est le fameux 'Be safe' américain ! On y a déjà eu droit 4 ou 5 fois aujourd'hui, car les routes qu'on est sensé prendre n'existent pas encore, du coup, on demande souvent notre chemin. Il faut souvent faire 200-300 mètres sur des chemins de terre pour rejoindre la route suivante. Ici, les gens sont spontanément souriants et aussi surpris de voir notre cc. Du coup, on sourit tout le temps !
17h Nous venons de prendre le traversier de Sayaché. Il est comment dire... dépaysant. Il y a deux moteurs d'un côté, sur des tourelles pivotant sur un axe fixé à la barge. Genre la tourelle de tir du Faucon Millénaire. Un gars court de l'une à l'autre pour manoeuvrer. J'en étais tellement ébahi que j'ai acheté des dulces à un gamin pour 10 quetzales sans négocier.
Nous revoilà dans la campagne avec quelques petits villages, des gens qui nous font un salut de la main et des enfants qui ont la machoire qui tombe en nous voyant. Par contre, très peu de chiens errants. Ici, au Guatemala, c'est surtout des cochons. Pour un village de 100 à 300 habitants, il doit bien y avoir une dizaine de cochons qui se baladent sur la rue principale.
On se pose à la nuit tombée dans un champ d'une petite station essence où on est très bien accueilli.
On voit passer un camper suisse qui s'arrête le temps de promener leur chien, et repart vers le nord. Les gens sont étonnés qu'on ne les suive pas. Deux véhicules étrangers au même endroit, ils ont du mal à réaliser qu'on ne voyage pas ensemble. Quelques minutes plus tard, nous voilà en train de faire visiter le cc. Les gens d'ici parlent espagnol, mais avant tout le kekchi, un des 22 idiomes du Guatemala (c'est eux qui le disent, nous on fonctionne sans guide papier depuis le Bélize et jusqu'au Costa-Rica). Et hier encore, je me demandais quelle communauté indienne vivait là, avec les femmes en belle jupe dans les processions qui les emmenaient jusqu'à une église baptiste.
C'est agréable de reprendre la route, entourés de cultures de maïs de la communauté indienne (forcément récoltées à la main, vu le dénivelé). On ne croise que d'immenses sourires... et quand même quelques tumulos (le nouveau nom de topes) et d'innombrables cochons.
Cette aprem, nous avons exploré une grotte, Candelaria 2, découverte par un français, Daniel Dreux, il y a de nombreuses années. Le gars a fait un documentaire, 'Aventures en monde maya' et devait aussi être un spéléologue. Il a acheté tout le coin, grottes incluses et a construit un resto, quelques cabanas et un magnifique jardin. On y a vu des beaux toucans, noirs et jaunes et notre guide nous a fait découvrir plein de plantes étonnantes, dont la fleur du Guatemala et l'Ylang-Ylang (orthographe plus qu'incertaine). L'excursion à la lampe de poche dans la grotte a été une super expérience. Elle était autrefois occuppé par les mayas, et on y a retrouvé de nombreux objets en céramique. Maintenant, c'est le domaine des chauve-souris. C'est un coin pas très connu - nous on l'avait découvert grace au livre pdf 'Overlanding...' (le fameux livre sous-titré 'N'y allez pas, c'est dangeureux, vous allez mourrir') - et qui mérite le détour !
Quelques kms de plus et on dort sur le parking d'un hôtel (avec prêt d'une cabana le temps d'une douche) à l'entrée de Chisec.
Ici, la St Valentin se fête en grande pompe. On continue notre descente vers le sud, vers Coban. On est au coeur des populations indiennes et on retrouve un peu l'ambiance de Paricutin, au Mexique : pieds nus et très belles jupes, chevaux comme moyen de transport... Avec en plus les saluts de la main des enfants à notre passage et parfois des 'hello gringo'. Mais ce n'est pas le gringo péjoratif du Nord du Mexique; ici, il est joyeux et accueillant.
Sur le chemin, des jeunes retapent la route, en rebouchant quelques trous avec de la terre. Ils demandent à boire, soda, agua... On offre un coca à ce péage informel. Après notre passage, j'imagine qu'ils refont les trous, pour le client suivant...
A Coban, on mange dans ce qui est probablement le meilleur resto de la ville, le Don Carlos, qui ne désemplit pas de locaux. On n'est pas vraiment convaincu par la cuisine guatémaltèque (c'est pas pour rien que celle du Mexique est au patrimoine mondiale de l'Unesco, au même titre que celle de la France et du Japon), mais le service est irréprochable. On a même droit aux lingettes en fin de repas !
En sortant, on voit de loin la foule amassée sur les collines qui encadrent le terrain de foot, pour assister à un match de ligue majeure à l'oeil ! On croise aussi un gars qui après le classique 'Bienvenu au Guatemala' nous conseille d'aller à Antigua, où, grace à la présence de l'Alliance Française, on pourrait rencontrer plein de compatriotes. Antigua est apparemment une ville à ne pas rater, présente dans tous les circuits organisés, mais on fera probablement l'impasse, car elle n'est sur aucune des routes qu'on a envisagées de prendre pour rejoindre le Salvador. On voulait aller dormir dans un parc avec camping, mais trop tard, il ferme à 18h. Du coup, on se rabat en catastrophe sur une station essence, où on peut rester jusqu'à 6h du mat (avant que le patron n'arrive !)
6h Il y a un McDo dans la ville, le premier qu'on voit depuis le Mexique. Ca nous laisse plein de temps en compagnie d'un bon wifi, pendant qu'Oriana termine sa nuit. On se tâte pour aller à Semuc Champey, qui est dans le top 5 du Guatemala, mais 2h30 de route à se taper et pareil au retour, et apparemment une quinzaine de kms faisables uniquement en 4X4...
11h50 Finalement, il fait beau et on décide d'y aller. En fait, alors que c'est Karine qui poussait pour le faire depuis plusieurs jours, elle venait de décider dans sa tête ce matin qu'on n'irait pas. On attendait de voir comment serait le temps. Soleil = On y va. Il y a du soleil, donc elle décide secrètement... qu'on n'y va plus. Un truc de fille je crois. Mais devant mon désarroi total, on y va quand même !
La première partie de la route est bonne, avec un nombre de potholes (terme américain pot hole je crois, bref, un tope) raisonnables. On peut donc s'autoriser des pointes de vitesse à... 40 km/h maxi. Et le meilleur est à venir. Bizarrement, c'est toujours dans les virages qu'ils remplacent l'asphalte par de la terre et des trous. Et comme on navigue entre les montagnes, il n'y a que des virages. Dans ces cahots, faudrait quand même que j'arrive à prendre en photo un gars avec sa machette marchant sur le bord de la route, ou une femme en belle jupe avec son pot sur la tête, ou l'un ou l'autre sexe avec son fagot de bois dans le dos (le port du fagot de bois étant une activité mixte).
13h15 46kms en 1h30. Reste 11 kms jusqu'à Lanquin, de terre et de pierre en descendant dans la montagne, et où globalement on ne peut pas se croiser en voiture. Sur ces 11 kms, il y a des enfants qui réparent la route, en mettant de la terre dans les trous. Ils barrent le passage avec une corde. Le 1er nous demande 5Q, qu'on ne paiera pas car il enlève la corde quand le camion qui arrive derrière nous klaxonne. Au second péage, ils sont 3 et demandent une 'contribution' pour l'entretien. On donnera un coca frais, qui amène plus de sourires que ne l'auraient fait quelques pièces. Aux 3ème et 4ème péages, on ne donnera rien, en expliquant qu'on a déjà contribué avant. Nous voilà à Lanquin. 11kms en une heure. On passe devant un premier hotel et on se renseigne sur les prix pour parquer le cc. Puis on continue un peu plus loin dans le village pour voir un second hotel. Erreur, car ce n'est plus vraiment praticable en cc. Le temps que je parte en éclaireur voir si l'hotel a des places de parking, deux minibus descendent le chemin qu'on montait. Karine fait une marche arrière pour se coller à la montagne et on est dans une semaine où la caméra de recul ne marche pas. Dans ces périodes, normalement, je guide. Là, c'est le talus qui met le stop, non sans avoir arraché juste avant une partie du pare-choc (qui englobe les feux). On ratapouille vite fait le temps de faire demi-tour et de retourner au premier hotel, où on scotchera tout ça faute de mieux pour l'instant.
Demain, c'est décidé, les 10 derniers kms qui nous séparent de Semuc Champey, on les fera en pickup, comme tout le monde.
Bonjour en kekchi se dit kuatchi quand on s'adresse à un homme, et natchi pour une femme et ici, le café du matin est à 10Q avec refill. Nous faisons la connaissance de Chris, un jeune de 14 ans, devant l'hôtel. Il fait l'intermédiaire entre les touristes et les chauffeurs de pickup qui emmènent les gens jusqu'à Champey. Il nous propose un tarif 15% moins cher qu'en passant par la réception, et le chauffeur lui dit de baisser encore de 15% pour être sûr qu'on fasse affaire avec lui (ça implique qu'on attende une heure qu'il revienne, vu qu'on n'est pas prêts pour partir tout de suite). Le jeune Chris, c'est déjà un personnage. Il parle kekchi, espagnol, anglais, français, allemand et hébreu. En discutant avec lui sur le chemin du retour, il m'expliquera qu'il a appris 'à l'école de la rue', en écoutant les gens. Bien sûr, il n'a que les rudiments de chaque langue, mais c'est bien suffisant pour son business d'intermédiaire. Il gagne bien sa vie, à son tel portable... Il semblerait qu'ici, il y ait 4 niveaux socio-économique... en fonction de l'âge. Les moins de 12 ans jouent et vendent des boissons ou du chocolat. Ils parlent aussi un peu quelques langues. Les jeunes, comme Chris, ont le contact facile et font guide ou transportent des gens avec leur moto. La génération d'après, les parents, parlent uniquement le kekchi et un peu l'espagnol. Ils ont en général leur petit commerce. Et il y a les vieux. Il ne semble pas y avoir de système d'entraide communautaire et il n'y a pas de répartition de revenus, commme chez les Navaros par exemple. Les vieux, on les voit porter leurs énormes fagots de bois le long du chemin, et pas question de s'arrêter pour les embarquer dans le pickup à moitié plein...
Karine et les enfants montent donc à l'intérieur du pickup, sur la banquette arrière et moi j'ai le droit d'aller à l'arrière, à l'extérieur, debout. A peine partis que Chris s'exclame 'Eh, Walter ! Got to Champey ?' 'Eh, Chris !' Walter nous rejoint à l'arrière. Walter est donc un touriste. Chris le connait et réciproquement. Mon instinct me dit que c'est plus un baroudeur qu'un simple touriste. Bingo ! A ma question 'where are u from ?', il me répond 'That's a good question'. Je me marre car nous non plus, on ne sait jamais quoi répondre à cette question (quand c'est les douaniers qui demandent). Alors je précise 'Where'r u born ?'. 'Francia' ! Ok, on va pouvoir discuter plus facilement ! Il en est à 8 mois sur la route. Depuis des années, il voyage les 6 mois d'hiver et bosse la saison d'été en France. Mais cette fois, c'est la préretraite (je crois qu'il a mon âge...) et il n'y a pas de retour prévu. L'idée pour lui, c'est de monter un hôtel, ici, au Guatemala, ou peut-être en Colombie. Alors il prospecte. Il descend un peu avant le terminus non sans avoir chaudement recommandé la Bolivie, pour notre périple. Colombie, Bolivie, sont les pays d'AmSud qui glanent le plus de like des gens qu'on croise. [Et quand je relis ces notes 3 ans plus tard, fin 2019, je m'aperçois que ça colle complètement avec notre vécu aux Amériques : Colombie, Guatemala, Bolivie, les 3 pays qu'on a le plus appréciés, loin devant les autres]
Ca y est, nous voilà à Champey. Là où les enfants vendent leurs chocolats, des minis tablettes en forme de galettes emballées dans du papier alu. Et c'est eux qui le font, pas la marmotte. 'Bonjour, je m'appelle Rose. Tu veux du chocolat ?' 'Non merci Rose, peut-être au retour. Mais tu parles très bien français !'
Et Semuc Champey, c'est comment alors ? Bin c'est beau. Super beau même. Oriana a pas adoré, Eliott et Kyra ont bien nagé, moi j'ai trouvé ça beau. Pour vraiment apprécier, il faut prendre du recul. Isolément, chacune des petites 'vasques' ne sont que de jolis endroits où l'eau est très claire et chouette pour se baigner. Mais dès que l'on appréhende la succession de vasques, dès qu'on a vu le torrent s'engouffrer sous la terre et que l'on sait quelle rivière passe en dessous de tout ça...
On est arrivé à 13h et le pickup devait passer nous reprendre à 16h30. On pensait avoir trop de temps. En fait, il en aurait fallu plus : nous nous sommes contentés d'une baignade, d'un pique-nique et de remonter (par le chemin) jusqu'au début des vasques (je ne connais pas le vrai terme, c'est énervant), pour voir le torrent passer en dessous. Si on avait eu plus de temps, on aurait pu monter au Mirador, pour avoir la vraie vue de Champey, celle des cartes postales. Et, sans les enfants - parce que c'est quand même glissant et dangereux -, on aurait aussi pu descendre de bassins en bassins (c'est bien aussi bassin comme mot non ?), du premier au dernier.
Au final, on attend notre chauffeur une demi-heure. Le temps d'être assaillis par 5 ou 6 gamins pour les galettes de chocolat. 'Tu les achètes à moi, j'ai demandé la première !', 'Moi monsieur ! Je parle français !' 'Moi aussi je parle français !' J'opte pour la plus grande, qui était aussi la 1ère, ne voyant pas Rose (qui arrivera trop tard...) On est les derniers à rentrer. Du coup, on voit les enfants manger ce qu'il leur reste de tablettes. Ils en feront d'autres demain ! Kyra est embarquée dans une partie de foot et un gamin de 8 ans vient me voir : 'elle est mien amour' !
Le chauffeur finit par arriver et c'est parti pour la redescente-remontée (difficile à déterminer) de la route de terre et pavasses sur une dizaine de kms. Karine apprend de sa conduite : comme à l'aller, c'est une main pour le portable et l'autre pour le volant et les vitesses. C'est une conduite détendue, c'est la voiture qui choisit son chemin, entre les pierres. C'est malgré tout quand même 30 min pour 10 kms. Sur la fin, deux camionnettes sont bloquées dans l'autre sens. Il y a une ligne de bris de verre sur la route. Des bouteilles cassées. Et au moment où on arrive, deux mômes sortent d'un trou et se barrent dans la colline. Un gars de notre pickup et un autre d'un camion se lancent à leur poursuite et les ramènent manu-militari. Au final, ça se soldera pour eux par un simple : 'tu répares tes conneries, tu déblaies la route'. Et encore, le chauffeur les aide. On ne frappe pas, on ne parle pas de délinquance, on n'appelle évidemment pas la police, on fait juste la leçon. Tu as fait un truc débile, mon gars, alors tu répares.
On est resté une nuit de plus, car trop tard pour faire cette route de retour. Cette nuit, il a beaucoup plus. On croise les doigts pour que le soleil sèche la route avant notre départ.
Hier, j'ai appris à dire 'non merci' en kekchi. C'est un truc du genre 'kwak bantioch'. Sauf que le 'kwak' se fait avec la glotte. Impossible. Faudra que je m'arrange pour ne rencontrer que des situations où seul le 'bantioch' est de circonstance.
Nos serviettes de bain sont sèches, la route doit l'être aussi. On repart donc. Avec la conduite à la cool que Karine a apprise, ça va beaucoup mieux. Ca n'empèche qu'on klaxonne devant les barrages d'enfants, pour leur faire comprendre que non, on va pas s'arrêter pour filer un coca en plein dans la montée ! On croise un convoi de 4x4 qui passe dans l'autre sens, avec des rubans roses accrochés aux rétros. Un rally de nanas, qui, d'après les écritures sur les véhicules, devraient venir d'Israël. Chris aura l'occasion d'améliorer son hébreu ! Bien sur, ça klaxonne de plus belle quand elles voient que c'est Karine qui tient le volant. (Annie, tu en sais plus sur ce rally ?)
42 min plus tard, nous avons rejoint la vraie route, celle avec juste d'énormes trous dans le bitume. Kyra, elle, s'était endormi en chemin. On poursuit jusqu'à Coban, again. En chemin, un motard avec gilet pare-balle et fusil nous fait un grand coucou de la main. Mais côté pitoresque, ça vaut pas la femme que j'avais vue à l'aller avec un coq dans son sac à main. On s'arrête quand même pour prendre un champ en photo. Une plantation de café cette fois. Je crois que Karine envisage de passer un Master en botanique agricole...
Quelques kms avant Coban, on repère une station essence où ils sont ok pour qu'on repasse dormir, et on poursuit jusqu'à la ville, pour déposer notre linge dans une lavanderia. Là, on croise un couple de français, en 4x4, qui font Monte-Video / Halifax, soit exactement comme nous mais dans l'autre sens. Sauf qu'ils sont déjà partis depuis... 3 ans. Ils viennent de jeter un oeil au parc-camping de la ville. Très cher. Du coup, ils ont vu avec un gars de la police touristique, qui leur propose de rester devant chez lui. Si ça le fait pas, on se retrouve à notre station essence. Nous, on passe un moment au même McDo qu'il y a 3 jours et on y va.
Devinez qui est passé nous faire un coucou à notre station essence ? Les français d'hier, Marie-Brigitte et Patrick (www.armadillo13.com). Nous avons bien sur échangé sur des endroits à ne pas rater, d'un côté comme de l'autre, sur les modes de vie, d'un côté comme de l'autre. On leur a laissé notre Routard du Mexique et on a récupéré des petit fûté en pdf de toute l'AmCentre. Marie-Brigitte a aussi eu la bonne idée de demander si on avait pas des livres à échanger. Du coup, nous voilà avec 5 ou 6 nouveaux romans. Karine a donné les livres de Linda et 'Le choeur des femmes' de Béa, en expliquant toute la valeur qu'a ce livre pour Béa. Le message est transmis, d'une femme à une autre femme. Oriana a quant à elle souhaité garder 'Les filles de Nightingale' et préféré donner une de ses lectures scolaires, 'Le chevalier de la barre'. Ca étonne quelqu'un ? J'aime bien, ces livres qui voyagent. Karine a d'ailleurs laissé un petit mot dans les livres, après que M-B nous ait raconté qu'un jour, un livre qu'elle avait donné en AmSud lui était revenu entre les mains. On s'est aussi fait assaillir par une nuée de moucherons pendant la discute, ce qui nous a permis de découvrir qu'on avait adopté les mêmes armes : la raquette électrique !
Petit passage à la lavanderia de Coban récupérer le linge et 3ème et dernier passage au McDo, qui est d'ailleurs le meilleur McDo qu'on a croisé depuis le début du voyage. Super bon, super propre, quelqu'un pour nous ouvrir la porte et même un mini salon de thé avec les desserts servis à table. Royal !
On reprend la route pour une demi-heure et on s'arrête sur une station essence avec plein de place. Pour pouvoir y dormir, il faut l'autorisation du 'gardien'. Le gardien est assi sur une chaise en plastique, dehors, en compagnie d'une femme et de deux enfants. Tous devant la TV, mais le gardien a quand même son fusil sur les genous. Pas de problème, on se met où on veut. Lui, il veut regarder la TV. C'est l'équivalent de notre émission 'La classe' qui passait chez nous il y a une vingtaine d'année. Un RdV immanquable du Mexique jusqu'ici...
Finalement, on fait route vers Antigua. Je sais pas bien pourquoi, ça doit être l'accumulation de 'faut y aller' venus d'un peu tout le monde, et les photos de la ville sur internet.
16h On vient de passer de l'autre côté de la chaîne de montagne. Ahurissant : on quitte la jungle et la pluie pour se retrouver face à un grand soleil, à de l'herbe jaune, des cactus et des vautours, qu'on n'avait pas vu depuis le Mexique. Côté musique, on maintient la même note, on carbure au Monmix, avec Crescendissimo, qui tient la route sous tous les climats.
20h Après 2h30 de bouchons dans Guatemala City, on arrive à Antigua. Il y a un terrain géré par la police où on peut rester gratuitement 5 jours à condition d'être autonome (pas de vidange ni toilettes ni douche). On remplit des papiers en arrivant et je vois, dans le noir, un cc dans le même style que le notre (c'est le seul camper actuellement dans le parc). Je le montre à Oriana; on aura peut-être des voisins français. Une voiture de police l'éclaire un moment : ce n'est pas qu'il ressemble au notre, c'est le même modèle ! Le policier nous emmène à notre emplacement. Comme à chaque fois, je marche devant, à pied. Yes ! Une plaque française. Mais c'est pas tout : des logos sur le cc, c'est la 'Couvalventure' ! C'est la famille avec qui Marie et ses gars avait passé Noël et avec qui ont avait échangé quelques mails, dans l'idée peut-être de se croiser. Aux dernières nouvelles, ils passaient un mois à Zipolite. Qu'elle était la probabilité pour qu'on se rencontre par hasard ?
Ce soir, on a juste fait connaissance avec Céline, la maman, et Justin (7 ans). Simon, le papa, est parti en taxi chercher sa soeur, Aline, à l'aéroport, avec Tanguy (11 ans) et Marguerite (9 ans). Aline va passer deux semaines avec eux. On se dit donc bonne nuit et à demain.
La ville d'Antigua commence à ressembler à beaucoup d'autres. Peut-être un peu plus jolie que Valladolid, mais en ce qui me concerne, ça y est, je suis lassé.
Ce soir, on mange avec les Couval et on passe la soirée à discuter. Et... j'ai droit à un petit gâteau d'anniv au dessert. Merci !
Les Couvalventure partent voir le lac d'Atitlan. Peut-être les recroiserons nous, ils font grosso modo le parcours qu'on avait prévu à la base, mais sur 3 ans !
Nous, on retourne faire un tour en ville, pour voir la procession du 2ème (? J'ai perdu le compte mais je crois que c'est le 2ème) dimanche de Carême... Ah oui, là, tout de suite, la ville gagne en intérêt !
Au retour, c'est le plat que j'ai demandé pour mon anniv, des pâtes carbo. Miam ! Et des petits cadeaux que les enfants ont fait et... des speculoos. Remiam !
Avant de partir, écriture de cartes postales et devoirs pour Oriana. Pas de bol, l'ordi s'éteint faute de batterie alors qu'on avait plein de choses à faire avec. On avait prévu d'aller à l'Alliance Espagnole où ils ont un super wifi gratuit. Ca fait 2 fois qu'il se décharge super rapidement. Est-ce la charge depuis le transfo et la batterie cellule qui n'est pas au top ? Est-ce les multiples charges sur du 110V qui l'ont rendu faiblard ? En tout cas, c'est pas cool.
Un couple de jeune allemand vient d'arriver. Ils descendent vers le Sud, comme nous. Pas de limite de temps, juste éventuellement d'argent. Ils veulent maintenant descendre rapidement, pour profiter encore un peu de l'été dans l'autre hémisphère. Le gars (je ne connais pas encore son nom) s'y connait bien en électricité. Du coup, on va peut-être rester une nuit de plus pour qu'il jette un coup d'oeil à notre système.
... J'ai passé la fin d'aprèm avec Bart (maintenant je le connais), à chercher pourquoi le moteur ne recharge pas la batterie cellule. Il a trouvé le problème, mais c'est dans la boite noire que ça coince. Enfin, c'est une boite bleue qui est l'espèce de centrale électrique avec tous les fusibles. En théorie, le panneau solaire devrait être directement branché dessus, ce qui n'est pas le cas. Il devrait y avoir une batterie spécialement pour le frigo, ce qui n'est pas le cas, et deux batteries cellules, ce qui n'est pas le cas. Et la batterie principale ne devrait pas être branchée au niveau de la batterie frigo. Bref, un beau bordel. Je me pardonne donc à postériori de n'avoir rien compris aux schémas, quand j'avais regardé il y a longtemps (en plus les détails étaient en allemand). Du coup, il reste une solution simple : passer un fil de la batterie moteur à celle de la cellule, avec un interrupteur pour éviter que les deux batteries ne se vident lentement en passant leur temps à s'équilibrer et pour éviter les surtensions au démarrage. Mais ça, c'est pour demain. Là, il fait nuit et c'est l'heure de partager ma dernière bière de Noël (l'avant dernière, c'était il y a deux soirs, avec Simon et Aline).
On petit-déjeune presque ensemble. Karine leur a fait un gâteau. On discute de nos expériences animalières : eux ont vu un fourmilier arboricole, au Chiapas, et nagé avec des requins-baleines sur la Baja California. Il paraît qu'on peut en voir aussi au Nicaragua...
Bart fait l'installation électrique et moi je fais le mumu, pendant que les autres font une partie de Qwirkle, un jeu amené par Natacha. On mange ensemble et on se quitte, sous les larmes de Kyra.
Avant de passer à autre chose, il faut quand même que je parle des bus de Guatemala City (et d'Antigua et de tout le sud du pays) : magnifiques. C'est à celui qui sera le plus beau et le plus rutilant. Il est probable que ce soit le souvenir que je garderais du Guatemala !
18h On s'arrête à Taxisco et, sur les conseils de la police, nous nous posons sur la place de l'église. Les enfants jouent au freesbe avec d'autres enfants. Certains veulent visiter le cc et on discute à l'intérieur un petit moment avec une femme.
19h On peut suivre la messe depuis le cc... A la sortie de la messe, une dame vient nous demander qu'est-ce qu'on soigne. 'Non, on est pas des médecins itinérants, on est une famille, on voyage...' Une autre s'inquiête qu'on dorme ici, mais une 3ème lui explique que la police est au courant. Et puis, c'est près de l'église, c'est un lieu sacré...
Ici, c'est aussi le grand retour de la chaleur. On avait perdu l'habitude de transpirer aussi pendant la nuit...
On était descendu à fond vers le sud, pour éviter les embouteillages de Guatemala City. Ce matin, un peu avant Chiquimulilla, on prend la RN16 vers le nord, une petite route de montagne, parce qu'on aime se faire mal - non, ça, je barre -, parce qu'on s'est dit qu'on aurait moins chaud de l'autre côté des montagnes - non, je barre aussi -, parce que ça va nous permettre de passer la frontière avec le Salvador au bon endroit pour faire la 'Route de fleurs', passer devant les volcans et à priori profiter des meilleurs paysages.
Petit arrêt à Cuilada pour faire de l'essence et le plein d'eau. Une fois de plus, ça se solde par une visite du cc par trois pompistes !
Une petite course avec un vautour qui vole à deux mètres du cc et il est 13h. Nous voilà à la frontière. Le Salvador, c'est pour le prochain récit !