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Pérou - A la rencontre des plateaux andins
© Les-ombres
Carnet de voyage

Pérou - A la rencontre des plateaux andins

De Lambayeque à Lima en passant par Trujillo, des lagunas de Choclococha à Cuzco en passant par Nazca, Paracas et les îles Ballestas. De la Vallée Sacrée au Lac Titicaca et ïles Uros, on ne compte plus nos traversées des Andes !

Créé le 01/06/2016 - Mis à jour le 18/01/2020 

Mercredi 18 (suite)

Nous voilà donc au Pérou. Rien ne change tout d'abord de l'autre côté de la frontière, les vaches se promènent toujours en liberté le long de la route. Finalement, c'est peut-être la seule chose qui ne change pas. Très rapidement, le paysage devient quasi désertique. Les rivières sont à sec, l'herbe est jaune et on retrouve quelques cactus. On se croirait revenu dans le nord du Mexique. Un autre aspect du paysage nous rappelle le Mexique, et le Guatemala : les tonnes de détritus qui jonchent les bas-côtés. Partout, il y a des panneaux 'Ici, une espèce d'arbre unique au monde. Protégez là', 'L'eau est la vie, ne la polluez pas' etc., mais ça a pas l'air très efficace. La région semble assez pauvre. Les maisons sont en brique ou en terre, ou en bois (non, je n'essaye pas de faire un remake des trois petits cochons) et tout autour, il y a des espèces de petits appentis en n'importe quoi (le plus souvent bambou) ou des enclos. Quand on voit plusieurs maisons avec leurs extensions les unes à côté des autres, ça fait très labyrinthique. Seule la rue principale, la Panaméricaine est asphaltée. Les autres rues sont en terre, voire en sable.

Notre premier arrêt sera pour manger... et goûter l'Inca Cola. Il paraît, c'est Karine que le dit, que le Pérou est le seul pays au monde où le Coca Cola n'est pas le soda le plus vendu. Ici, c'est l'Inca Cola. Un soda jaune, au goût chewing-gum. Moi je teste ma première bière péruvienne. Ici, c'est la Cristal. Ok, c'est l'équivalent de notre kro. Amusant quand même de voir que dans le frigo des boissons du resto, il n'y a que ces deux boissons...

Kyra passe plus de temps à prendre des photos qu'à manger : un cochon traverse la rue pour se mettre à l'ombre du cc. En face, il y a aussi des chèvres, des bébés cochons, des poules et poussins...

On poursuit en traversant des vergers de on ne sait pas quoi. Probablement des mini-citrons car dans les villages qui suivent, les gens transportent des sacs et des sacs de ces citrons. On découvre aussi un nouveau mode de transport : les motos-taxis. Il y en a partout. Une autre variante du tuk-tuk. Dans les villages, personnes ne semble avoir de voiture, d'où les coopératives de motos-taxis qui font la distance d'un village à l'autre.

On atteint Sullana, la première 'grande' ville. On rentrera pas dans le cœur de la ville, mais sa périphérie ne fait pas envie. Des tonnes d'immondices, une odeur assortie, franchement pas terrible. Mais on trouve quand même un grand hypermarché, sorte d'oasis dans ce cloaque, on penserait presque à un mirage. On y trouve tout ce donc on avait besoin, y compris une Scotiabank. Ça faisait longtemps. J'avais oublié mais il me semble qu'effectivement, au Pérou, le partenariat avec BNPP va me permettre d'être exempté de frais de retrait. Une fois les courses terminées, on va se poser un peu plus loin, dans le sable du bord de la Panam, près d'une station-service et face à un garage de bus. Il y a plus glamour, mais on va s'en contenter.

Un peu de devoirs pour tout le monde, deux boites de maïs et au lit. Tiens, en parlant de maïs, on a vu plein de nouveaux légumes au supermarché. 3 ou 4 étaient des ONNI (objet nutritif non identifié) dont j'ai rapidement oublié le nom, mais on a clairement reconnu du maïs noir. Aucune différence avec le jaune, sauf qu'il est franchement noir. Ça fait bizarre, de voir tous ces épis sur un étal.

Jeudi 19

Cool, on peut faire le plein d'eau à la station essence. Pas cool, c'est de l'eau salée. On oublie. On poursuit notre route en passant par Piura et on se lance dans le Desierto de Sechura. Soit librement traduit par moi-même Désert de la Sécheresse. Mais avant cela, arrêt sur une station essence de Puira pour faire le plein d'essence et d'eau. Ici aussi on peut faire le plein et elle n'est pas salée. Sauf que le robinet n'a pas de pas de vis et se trouve au ras du sol. Qu'à cela ne tienne, je joins le tuyau au bout et je serre comme je peux avec mes mains jointes. Ça prend son temps, ça arrose copieusement l'herbe alentour mais ça finit par le faire.

S'ensuit ensuite 200kms de sable et de petits arbustes. Et pas un seul lama. Qui savait qu'il y avait de tels déserts au Pérou ? Pas moi. De temps en temps, une dizaine de maison, en brique de terre, puis plus rien pendant des kilomètres. On croise quelques motos-taxis qui transportent du bois. Le bois issu des rares arbres qui poussent ici. Qui ont probablement mis 50 ans pour monter de 3 mètres... Et pendant ce temps, le désert avance. Dans chaque petit hameau, un fabricant de briques en terre. Au loin, on pourrait imaginer la ferme de Lars et Owen, et encore plus loin, là où commence les montagnes, des groupes de Jawas et de de Tusken raiders...

Vendredi 20

On s'est arrêté à Lambayeque pour dormir, sur un parking pour camion et on part visiter le musée national Tumbas Reales de Sipan. La ville est encore une fois miteuse. Une seule route asphaltée, on se rend donc au Musée par les routes de terre. Le Musée est par contre exceptionnel. On ne s'attend absolument pas à une telle pépite dans un tel endroit. Pour la petite histoire, les pièces de ce musée des 'tombes royales de Sipan', ont été trouvé non loin, après qu'en 1987, des policiers aient saisie des têtes en or de contrebandier. L'actuel propriétaire du musée, pressent que quelques choses d'énorme se cache encore dans la région. Financé par un brasseur et un fabriquant de pâtes, il monte une expédition et fait la plus grande découverte archéologique de Pérou depuis ces 50 dernières années. Aucun souci ensuite pour faire financer la suite des fouilles par le National Géographique... Voilà donc exposés les objets des tombes du seigneur sanguinaire de Sipan, qui a vécu il y a 1750, et de ses aïeux. Il s'agit de la civilisation Moche, pré-inca donc. Le musée est construit comme une pyramide moche et on y entre par le 2ème étage, pour ressortir par le rez-de-chaussée. On y trouve de nombreuses céramiques, avec les représentations de leurs dieux, d'animaux, les différentes étapes de la vie (fécondation, accouchement, bébé, guerriers, mort, vie après la mort) ... Leur vision de la vie après la mort est très proche de celle côtoyée au Mexique : une fois mort, on vit certes dans l’infra monde, mais on y fait les mêmes choses qu'ici-bas. Pour les Moches, il y a aussi un 3ème monde, le ciel, où les dieux vivent, parmi les étoiles. On retrouve aussi les reconstitutions des tombes, avec le seigneur enseveli avec ses 3 femmes, sa vigie (en position assise), le gardien (les jambes coupées aux chevilles pour pas qu'il se fasse la malle), les 2 lamas sacrifiés, son chien et un enfant. On trouve de nombreux objets de parures (coiffes, colliers de milliers de perles tressées, plastrons en or et en cuivre...). Les Moches connaissaient la soudure d'où des pièces vraiment superbes. Le petit film d'animation de 10 min qu'on a pu voir en début de visite nous a montré à quel point cette civilisation était avancée. On a pu voir notamment que le désert qu'on vient de traverser, à l'époque, était une terre cultivée, grâce à une incroyable système d'irrigation (pour lequel il est précisé que rien de plus optimisé n'a été inventé de nos jours). Bref, un super musée qu'on a visité en 4h (en se faisant doubler par tout le monde. Le temps moyen de visite doit être bien inférieur !). Un seul regret : photos interdites.

On s'est ensuite rendu dans un des deux restos signalés par le Routard, mais on a fait demi-tour en voyant les prix annoncés sur la carte. Le resto qui s'annonce 'Restorante touristico', non merci, on connaît (même si on a vu beaucoup de locaux en sortir). On reprend la route et on retrouve le désert. Hier, on s'était arrêté dans un restaurant isolé dans le désert. Notre plus mauvais repas depuis bien longtemps : semelle de viande et riz qui avait pris le goût d'une eau... bizarre. Aujourd'hui on ne s'arrête pas, on saute un repas. Tant pis pour mon ventre qui lance des SOS d'agonie depuis au bon moment. Allez, on est royal, on ouvre un paquet de chips en roulant...

Jusqu'à Chepen, c'est ultra désertique. Et ultra pauvre aussi. Des maisons de terre, bien souvent en partie effondrées.

A 17h45, dans une petite ville, on croise un genre de cc suisse, qui remonte vers le nord. Petit signe de la main, sourire et pouce levé. Du regard, j'ai l'impression qu'on est deux à penser à s'arrêter, mais finalement non, l'agitation de la circulation nous emportera chacun un peu plus loin pour le bivouac de ce soir.

18h20 On s'arrête à San Pedro de Lloc, sur une station essence, et en attendant de manger la purée prévue pour ce soir, on est bien content qu’une mototaxi passe devant nous et nous propose de lui acheter des tamales. Ça faisait longtemps qu'on en avait pas vu. On complète avec des mini petits pains à la saucisse de la station essence et cela nous fait un petit apéritif.

Après le repas, on regarde tous ensemble la Guerre des Boutons (version originale de 68), puis on termine Divergente avec Oriana.

Samedi 21

Après Chepen, c'est ultra désertique aussi. Au moins jusqu'à Paijan. On arrive à Trujillo. A la base, l'idée était d'aller sur le site archéologique de Chan Chan, la capitale de la civilisation chimu, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco. Les Chimus, c'est la civilisation qui a succédé aux Moches, et qui s'est fait botter le cul par les Incas au XVème S. Mais je suis le seul que ça branche. Du coup, on opte plutôt pour aller voir la Huaca de la Lune, une pyramide moche (c'est trop dur de résister... si elle est moche, pourquoi aller la voir hein ?). Mais avant ça, priorité à la recherche de gaz. Depuis le Pérou, on s'est déjà arrêté deux fois dans une usine et ça n'avait pas été possible de remplir. Ici, à Trujillo, il y en a 3. La première est fermée le samedi, la seconde est en pause déjeuner. On s’apprête à traverser la ville pour la 3ème. Et là, qui on croit voir sur la route dans l'autre sens ? Un 4x4 qui ressemble furieusement à celui de Bart et Natacha, rencontré au Guatemala. En plus c'est écrit au scotch d'électricien 'Alemania a la Argentina' sur le devant et c'est bien ce qu'ils avaient fait. On n'a pas le temps de voir qui est dedans et eux ne nous voient pas. Demi-tour ! Demi-tour ! Mais c'est plus facile pour moi de le dire que pour Karine de le faire. Et puis c'est peut-être pas eux. C'est vrai qu'on sait pas bien pourquoi ils iraient dans l'autre sens, mais moi, j'ai du mal à imaginer tant de ressemblances. Toujours est-il qu'avec la circulation et les feux rouges, c'est mort, on doit renoncer à la poursuite. Kyra est en pleurs, elle est comme moi, elle est persuadée que c'était eux. On se console comme on peut en achetant vite fait une glace sur la place de la ville. Je voulais profiter de la présence d'un McDo pour leur envoyer un mail, mais il n'y a pas d'internet. On reprend notre plan de route là où on l'avait laissé, sur la recherche de gaz. Et cette fois, c'est la bonne. J'en profite pour remplir aussi la presque vide, comme ça, on est peinard pour presque 2 mois.

Voilà qu'il est tard. Trop pour se lancer dans la visite maintenant. Trujillo est une grande ville, avec un Mall et un grand magasin. Du coup, on s'y rend pour notre repas de 15h30 (McDo et KFC, parmi la dizaine de fast-food). On est impressionné par l'opulence du Mall, après toute cette misère qu'on a traversée. Il semblerait qu'elle s'arrête aux portes de Trujillo. Par contre, toujours pas d'internet dispo. Ensuite Karine et Oriana partent faire des courses, pendant que je cherche le Chuck & Cheese annoncé sur les panneaux, avec Kyra et Eliott. On le trouvera pas, mais il y a un ersatz : Coney Park. Même style mais vachement plus cher. On s'amusera quand même aux auto-tamponneuses, air-hockey et autres jeux d'arcade.

Et quelques heures plus tard, on finira dans une station essence.

Dimanche 22

On cherche à faire la pression des pneus avant de partir, mais ils n'ont pas d'indicateur de pression. C'était déjà pareil dans la précédente station. Apparemment, au Pérou, ça se fait au feeling. Un coup de bâton dans le pneu de la mobylette ou coup de pied dans ceux de la voiture et c'est sensé nous dire si la pression est bonne. Ok, on va dire qu’elle n’a pas bougée alors...

On repasse devant le Mall, du coup, arrêt vite fait pour racheter des petits pains, qui étaient bons (enfin, meilleurs que ceux de d'habitude). Tant qu'on est dans les us et coutumes du Pérou, il y a un fonctionnement particulier sur les parkings des galeries marchandes : le garde à l'entrée relève le numéro de ta plaque et te le donne sur un ticket, à garder avec toi. Comme ça, quand tu repars, tu montres ton ticket et il est sûr que tu ne voles pas une voiture...

Toujours dans les spécialités locales, Kyra est devenue la première fan de l'Inca Cola. Elle qui était déjà fan de Coca Cola. Ceci dit, ça va toujours dans les mêmes poches, car on a regardé sur les bouteilles d'Inca Cola, et il a été racheté par Coca...

Prêts pour la visite de la Huaca de la Luna. On commence par le petit musée qui est très bien. Toujours pas de photos, mais on apprend des trucs complémentaires avec le précédent. C'est encore essentiellement des céramiques, mais c'est par ce médium que l'histoire de cette civilisation nous est racontée.

Ensuite, on passe sur le site, avec visite guidée obligatoire. On parcourt les différents étages du temple (mis à nus par le temps ou les fouilles), avec les bas-reliefs très bien conservés. Les Moches utilisaient 5 couleurs, faites à partir de différentes pierres. La plupart des motifs représentent la divinité de la montagne, aussi appelé l’Égorgeur... qui correspond à la manière dont les Moches traitaient leurs ennemis : prisonniers, attachés, puis égorgés pour boire leur sang... Ce temple est composé de 5 niveaux mais un seul était accessible à la fois : selon un calendrier particulier, on construisait un nouvel étage en bouchant complètement le précédent. Toutes les pièces et portes du précédent étaient bouchées par des briques en adobe. Le nouvel étage était construit quasiment à l'identique du précédent. Devant la huaca de la Lune, on peut voir les fouilles de l'ancienne ville en cours et de l'autre côté, la huaca du soleil, qui ressemble beaucoup à une colline car elle n'a pas encore été fouillée. Quant à ceux qui se demanderaient pourquoi la lune et le soleil, c'est dû à l’empressement des archéologues à donner un nom, comme à Teotihuacan, mais on ne trouve aucune réelle référence à ces deux astres dans la culture moche...

En quittant les pyramides, on fait un petit arrêt au stand du bord de route, pour acheter une bouteille artisanale de chicha (tellement artisanale que la chicha est vendue dans une vieille bouteille de Coca-Cola d'1,5l). Pour rappel, il s'agit de l'espèce de bière issue du maïs fermenté. Je trouve ça pas mauvais, mais une bouteille entière, il va me falloir un moment avant que j'arrive au bout...

Puis on reprend la route. On ne fait qu'une cinquantaine de kms car on passe devant une station essence qui a l'air pas mal. Et puis on ne veut surtout pas faire 70 km de plus et se retrouver dans la ville (Chimbote) où il y a eu au moins deux agressions de camping-car à mains armées dans les deux derniers mois. Merci les gars sur ioverlander de nous prévenir de ça aussi... Cette ville, on va la traverser de jour et sans traîner...

Lundi 23

Un peu avant Chimbote, on se fait arrêter par la police. On n'a pas nos feux de position allumés, et c'est obligatoire 24/24. L'amende est de 316 sol. Soit environ 100€ !!!! Ça semble fou mais il nous montre un petit fascicule imprimé, couleur, avec les listes de toutes les contraventions et ce qui semble être le prix. Il y a sûrement une subtilité qui nous échappe, mais on ne met pas le doigt dessus. Il nous propose rapidement, entre lui et nous, de payer 200 sol directement. Karine propose 100 sol et le marché véreux est conclu. Je ne vois pas comment les locaux pourrait payer une telle somme. Pourtant, on n’est pas les seuls à s'être fait arrêter. A creuser... Hier, des policiers en moto nous avaient déjà fait signe d'allumer les phares, mais la nuit tombait, et on ne s’était pas posé de question... Au moins, on n’aura pas été obligé d'aller poireauter à Chimbote pour récupérer le permis.

Chimpote. C'est une ville qui a l'air sympa à première vue, la première qui côtoie directement la mer. Mais notre gros a priori suite aux mises en garde sur ioverlander se trouve rapidement confirmé : sur les murs, on trouve de nombreux slogans peints qui font froid dans le dos.

- la drogue tue et génère l'insécurité

- soit responsable, n'achète pas de choses volées

- la sécurité est la tâche de tous, participe

Pas d'arrêt à Chimpote... On poursuit dans le désert, inlassablement. Ceci dit, le désert est beaucoup plus joli maintenant que dans le nord. Dans le nord, les rares villes étaient miteuses et les monceaux de détritus se prolongeait sur des kilomètres après les villes. Maintenant, les villes sont plus riches (depuis Trujillo) et il n'y a plus d'habitation perdue au milieu de nulle part. Du coup, c'est du désert pur, qui peut finalement s’avérer très varié : sable ou terre et poussière, avec ou sans arbuste, plat, dunes ou petites collines, avec ou sans la mer en toile de fond, aux roches de toutes les couleurs pastel, bleu, vert, rose, ocre, blanche...

Pour une fois, ça manque de support américain. S'ils avaient été présents, cela aurait été transformé en magnifiques parcs nationaux, avec des treks, des balades à cheval... A la place, c'est une côte où il est déconseillé de camper sous peine de se faire rapidement dépouiller et où on a même croisé des ruines de pyramide avec juste un panneau 'Propriété nationale' devant. La pyramide reste quasi ensevelie, pas de fouille d'effectuée. Tu m'étonnes que d'énormes trésors se retrouvent dans les mains de pilleurs, si aucune équipe d'archéologues n'est envoyée pour faire le travail à leur place. En chemin, dans le désert sur l'autoroute, on a ensuite croisé deux jeunes avec leur seau et leur pioche. On s'est vite refait le film...

Parce ce qu'on a pas l'éternité devant nous et que c'est difficile d'accès, on avait décidé de ne pas aller aux lagunes de Llanganuco, étape pourtant prévue lorsqu'on était encore en France : des kilomètres de petite route de montagne suivis d'autres kilomètres de piste. Idem donc pour Yungay et Caraz, point de départ du Canon del Pato. On se contentera de l'extrait du Routard : 'vous pensiez avoir tout vu ? Être gavé de paysages incroyables ? ] ... [Des gorges qui se font de plus en plus profondes, tandis que la route s'accroche comme elle peut aux parois abruptes] ... [les croisements se font impressionnants] ... [il faut serrer de bien (trop) près le vide. On se rejoue le salaire de la peur] ... [Au plus étroit les deux cordillères s'affleurent à tout au plus 2m l'une de l’autre] ... [la noce dure près de 13km] ... [c’est alors seulement que l'on reprend son souffle.' Une autre fois peut-être, avec un 4x4... On continue donc notre route vers Lima.

18h30 Pas facile de gérer le moment de s'arrêter quand 70km séparent chaque ville. Cette fois, on roule une dizaine de minutes de nuit, obligé de contourner Barranca et de quitter la Panam à cause d'une déviation, et on s'arrête dans une station essence dans le petit village de Supe. Encore une fois, à quelques kilomètres sur ioverlander, un 'DONT SLEEP HERE', qui date de 3 mois, suite à des gens qui ont voulu camper dans les dunes au bord de mer. C'est le 4ème point de ce type que l'on voit sur ioverlander depuis qu'on est au Pérou. Jusqu'à maintenant, on avait vu ça qu'une seule fois, au Mexique. Cette partie du Pérou ressemble d'ailleurs beaucoup au nord du Mexique, en plus pauvre. Heureusement qu'on a pu voir quelques trucs sympas et de beaux paysages, parce qu'autrement, le Pérou, c'est pas joyeux pour l'instant. Les gens sont supers fermés, n'ont pas l'air très gais (ceci dit, vu où ils vivent, ça peut se comprendre, mais au Guatemala ou dans les communautés indigènes en Équateur, l'ambiance était tout autre et ils n'avaient pas plus de ressources). Il n'y a qu'un endroit où on est toujours accueilli sans souci, facilement : dans les stations essence. C'est toujours un 'pas de problème, mettez-vous où vous voulez'.

Mardi 24

Je viens de réaliser que j'avais oublié de parler de la campagne présidentielle 2016 ! Passée ? à venir ? En tout cas, il y en a plein les murs. Pas un mur qui n'est pas peint avec les consignes de vote. Même les murs effondrés en plein milieu du désert sont exploités. Et si Keiko n'est pas élue, c'est à n'y rien comprendre, parce qu'elle occupe 90% de l'espace disponible.

12h Nième contrôle de police. Ça aussi on avait fini par oublier à quel point c'était pénible. Un ou deux par jour, à se demander ce qu'ils vont nous trouver. Ça nous change de la Colombie et du 'C'est bon, allez-y, on veille sur vous !'

Nous voilà à 50km de Lima et à priori confronté au guara, l'espèce de brouillard qui occupe la ville à la maussade saison. Bon, ça va, fausse alerte, ça s'estompe.

Lima. 10 mois sur les routes et on se laisse encore aller à un péché d'orgueil doublé d'une bonne couche grossière d'optimisme. Les prévisions d'aujourd'hui c'était 2h le long de la côte jusqu'à Lima puis 2h vers l'est dans la cordillère et l'altiplano. Comme si Lima n'était qu'un point sur une carte. Nouvel extrait du Routard, dont je partage dorénavant cette vision de Lima : 'La ville, étendue sur une quarantaine de km, est sillonnées par 30 000 bus souvent hors d'âge et près de 200 000 taxis, générant une circulation 'cahotique' source d'embouteillages quasi permanents sur certains axes'. Et concernant la location de voiture, en général pour le Pérou, ils écrivent : 'vu le non-respect des règles de conduite comme nous les envisageons en Europe, la location de voitures s'adresse plutôt aux conducteurs qui ont une expérience du trafic dans les pays en voie de développement, en particulier dans les grandes villes'. Bref, on cumule les deux et c'est l'enfer urbain, 'de larges avenues souvent embouteillées où résonnent les concerts de klaxons dans un air chargé de CO2.

Bref, on a réussi à faire quelques courses à Lima, manger un truc et sortir de la ville, c'est déjà pas si mal ! Et comme on avait renoncé à aller voir les fontaines magiques et le Musée Larco tout va bien. Le Musée Larco devait être quand même pas mal, mais c'est un peu la même chose que celui de Sipan, c'est essentiellement des céramiques et des parures qui permettent de raconter l'Histoire. Un seul regret en ce qui me concerne, je n'aurais pas vu la collection de céramiques d'art érotique, les huacos...

Maintenant, on est dans les starting blocks pour demain, sur une station essence, avec les klaxons qui ne s'arrêtent jamais (en fait si : à 20h30).

Mercredi 25

On quitte la banlieue de Lima, non sans avoir fait visiter le cc aux nanas de la station et leur avoir offert une carte de Paris. Un super accueil qui s'est conclu par un 'et écrivez sur internet que tous les voyageurs sont les bienvenus dans notre station !'. Puis, c'est le sketch du péage. La plupart du temps, c'est tranquille aux péages, puisqu'il n'y a personne. Les structures sont là mais personne pour relever l'impôt. Sinon, en général, on s'en sort comme partout ailleurs, en précisant qu'on n'a qu'un essieu et donc qu'on paie comme les voitures. Sauf que depuis les alentours de Lima, ça ne suffit pas : pour prouver qu'on est léger, il faut montrer la carte grise ( < 3,5t) et comme ils ne la comprennent pas, cela prend longtemps. Au final, on paie 4 sol au lieu de 4,5 (sic) et les autres voitures derrière nous ont pu se défouler sur leur klaxon...

C'est parti. Maintenant on va plus ou moins suivre la voie de chemin de fer Lima-La Oroya-Huancayo. Sur un panneau qu'on croise en chemin, il est écrit que c'est la plus haute du monde. Le Routard lui nous dit que c'est la seconde, après celle du Tibet. En tout cas, elle atteint 4818 m ! 54 ponts, 68 tunnels et 1154 virages. Et je précise pour les cheminots qui me lisent et seront probablement très intéressés de l'apprendre : certains virages sont si serrés que le train, équipé d'une loco de chaque côté, doit faire des marches arrières pour repartir, en exploitant les aiguillages. Mais le meilleur moyen de visualiser le périple (que nous ne ferons pas en train car il ne circule que 2 fois par mois) est de regarder l'épisode correspondant des Barbapapas autour du monde (si je ne l'ai pas déjà écrit, série chaudement recommandée pour apprendre plein de trucs).

On retrouve dans les montagnes les laveurs de camion grâce aux tuyaux qui récupère directement l'eau des cascades, comme en Colombie. Mais ici, les montagnes sont arides, nues. A 13h30, notre ballon atmosphérique est à bloc. On s'arrête dans un resto où je mange mon premier cochon d'inde.

16h20 On voie nos premiers lamas en liberté

16h30 On est sur les plateaux, à Morococha, à 4800m et des poussières. Yeahhh ! On passe devant les lagos de Huacracocha et Huascocha. Les paysages sont superbes. On avait décidé de faire cette boucle Lima - Huancayo - Hancavelica - Pisco pour être au cœur du Pérou non touristique et c'est gagné. Le plaisir est dans la route que l'on parcoure. Maintenant, toutes les terres sont cultivées, sur les plateaux mais aussi quasiment jusqu'aux sommets de montagne. Des centaines de petits champs qui seraient considérés chez nous comme des jardins-potager. Et 3 lamas en passant.

On s'arrête pour le soir sur une station essence un peu avant La Oroya, à 3800m. Eliott et Kyra ont mal au crâne et moi j'ai des fourmis dans les bras et les jambes. Doliprane pour les enfants. On s'autorise quand même 20min de 'La nouvelle guerre des boutons', vu qu'il est super tôt, puis Karine et Oriana enchaînent avec 'Le prénom'. J'avais pas remarqué le parallèle dans la narration, au début, avec Amélie Poulain, qu'on a regardé il y a quelques jours, mais forcément, en les regardant l'un après l'autre...

Jeudi 26

Kyra a été mal toute la nuit, jusqu'à ce qu'elle vomisse. Moi j'ai dû prendre une aspirine. A part ça, ça caille. On a dormi en pull chaussettes polaire et couette. Ce matin, on a mis un peu le chauffage et on a sorti le sac avec les gants écharpes et bonnets. Dans les autres joyeusetés de l'altitude, il y a aussi le briquet de cuisine qui ne s'allume plus. Heureusement, les allumettes restent ok. Et Karine a eu la surprise de voir la bille de son déo lui sauter à la tête quand elle l'a ouvert. On va écrire à Nivéa pour qu'ils revoient leurs crash-tests en condition extrême car 'le pop à l'ouverture est notre garantie de fraîcheur' n'est pas censé être leur slogan.

11h30 On a trouvé un petit boui-boui où acheter du maté de coca. C’est artisanal, on remplit nos petites bouteilles de soda. Et une rasade pour tout le monde. On roule vers Huancayo et la route est superbe. On croise souvent de petits villages, de l'autre côté de la rivière qu'on longe, accessible uniquement par des ponts pour piétons. Personne n'a de véhicule par ici ; devant chaque pont, un arrêt de bus... On traverse la Vallée de Mantaro, ses petits hameaux de l'Altiplano, et c'est beau. Voilà le Pérou qu'on attendait, qu'on espérait. Pas riche, mais pas miséreux. Les maisons sont en adobe, mais il y a des cultures, des ânes, des moutons, des vaches...

Nous sommes arrivés à Huancayo en début d'aprèm et nous nous sommes arrêtés en sortie de la ville, dans un petit village, Huayucachi. Ici, on est qu'à 3250m. L'endroit idéal pour respirer un peu avant de reprendre la route demain.

Vendredi 27

8h Petit tour dans le village pour acheter du pain et refaire le plein de nos trois petites bouteilles de maté de coca. Il est sympa, ce village, avec une belle plaza de armas (tous les villes et villages en ont une). A conseiller à tous ceux qui passeraient par ici (s'il y en a...), ce village est bien plus accueillant que la 'grande' ville.

On teste un nouveau fromage au petit déj et victoire, ce fromage acheté dans un supermarché de Lima est franchement bon ! Du presque jamais vu !

Sinon, on a tous les yeux injectés de sang ce matin. Altitude ou excès de coca ?

C'est reparti pour la route. Un péage bénéfique car c'est toujours l'occasion d'acheter un truc aux vendeurs ambulants et cette fois, on tombe sur de bons petits tamalitos et sur un petit sachet qu'on avait pas encore essayé : il est rempli de petites graines écrasées et frites et salées. Faudra qu'on en rachète pour remplacer les cacahuètes à l'apéro. On pourrait peut-être même en ramener, ça doit se conserver longtemps ce genre de bidule.

15h30 Petite pause pique-nique à 3990m (encore une fois, merci à ioverlander, notre appli couteau-suisse qui nous donne l'altitude), parmi les moutons.

Sur la route, on croise souvent des bergers ou des bergères (qui tricotent) ou, devant leur maison, des femmes qui trient des graines sur de grands draps.

16h Ça y est, notre premier alpaga !

16h30 C'est l'heure du retour de pâturage. Cette fois, c'est des troupeaux de vaches qu'on croise sur la route.

Nous voilà à Huancavelica. Lorsqu'on arrive sur la plaza de Armas, la police, puis la police touristique s’occupe de nous. Leur objectif, nous trouver le meilleur emplacement. Ils sont très heureux de pouvoir aider des touristes européens et nous proposent même de nous affecter un policier pour nous faire visiter la ville (ce qu'on décline poliment). Au final, on peut dormir dans l'entrée, fermée par une grille sans verrou, de leur stade municipal, juste à un angle de la place des armes. Il y a une espèce de grand fossé entre la route et le trottoir, mais ça passe sans qu'une roue ne reste bloquée. On remercie chaleureusement les deux fliquettes qui nous ont accompagné et... oui, bien sûr, elles peuvent visiter notre maison roulante ! Ça se termine par la bise et une carte postale pour elles ! En parlant de visite du cc, ce n'était pas la 1ère dans cette ville : en attendant que la police nous propose un lieu, deux petites filles (6 / 8 ans) me demandent, par la fenêtre 'es una casa rodante ?'. Je leur propose donc de rentrer. Pas farouches, elles sautent littéralement de joie sur le trottoir et montent illico presto ! Quand elles me demandent d'où on vient, je vois bien que mes réponses, de France, de Paris, en Europe, ne leur parlent pas vraiment, alors j'opte pour une variante : de l'autre côté de la mer ! Et leur réaction fuse : 'waaaaaouuuuuuh' !

Avec Oriana, on fait ensuite un petit tour de la ville (en fait, un tour de la place des Armes), à la recherche de quoi manger et de mate de coca. Pour la nourriture, c'est royal, il y a une tonne de vendeur ambulant qui vendent de bonnes brochettes et des genres de burgers avec œufs ou fromage ou mixture de légumes voire avec uniquement de la patate douce ou de la citrouille (pas sûr, d'après le coup, les avis sont partagés). Pour le maté, on finit par trouver (devant la place, un boui-boui de jus de fruit) et la vendeuse nous donne même un petit sac de feuilles, pour le faire nous-même ou pour mâcher en route. En attendant que l'eau chauffe, on regarde passer le camion poubelle (ça me fait penser à une autre chanson de Thiéfaine, mais non, il s'agit pour lui de camions militaires. Pas la peine de chercher la référence, il n'y aura pas de carte à gagner cette fois !). Tout le monde sort ses sacs poubelles. Comment ont-ils su qu'il passait maintenant ? Il diffuse de la musique à donf sur un haut-parleur (genre le cirque arrive en ville) !

Ici, on est à 3700m. On s'habitue donc ça devrait aller. Sinon, j'ai une théorie pour expliquer pourquoi Kyra et moi souffrons plus de l'altitude que Karine et Oriana. Quand on fait des ballades en montagnes, Oriana et Karine sont toujours à la traîne, alors que Kyra crapahute devant. Moi, les médecins sportifs ont toujours dit que j'avais une capacité pulmonaire exceptionnelle, bien que fumeur. Du coup, je suppose que quand on est habitué à respirer beaucoup d'air, on galère quand il y en a moins, alors que ceux qui de toutes façons sont limités, ça ne change pas grand-chose pour eux... Ouais, c'est juste une idée comme ça...

Samedi 28

Aujourd'hui, c'est rencontres sportives de toutes les écoles du coin. Passage obligé du défilé devant notre cc, pour entrer dans le stade !

Nous, on repart, non sans avoir encore fait visiter le cc à un groupe de collégiens : Kiara, Laura, Naïrimi, Franco... Amusant, leur première réaction quand ils ont vu le cc, c'est 'Vous êtes Chilien ?' car les seuls touristes étrangers qui viennent ici sont chiliens et que le camping-car, c'est un mode de voyage qu'ils partagent avec les Argentins.

La route jusqu'aux lagunes de Choclococha est vraiment fantastique. Elle fait 4m de large, ce qui fait qu'il y a régulièrement des espaces aménagés pour se croiser, car la plupart du temps, c'est pas possible. Parfois, l'espace est creusé dans la montagne, avec donc de la roche des deux côtés. Là, des panneaux indiquent 3,20m de large max... A un moment, le virage est tellement important qu'on ne peut pas le prendre directement; la route se prolonge un peu avec une espèce de rond-point pour faire demi-tour. La Route des Trolls en Scandinavie peut aller se rhabiller ! Mais il y a aussi d'immenses plaines où la route est toute droite. Et là, c'est des tonnes de lamas, d'alpagas surtout, et de moutons. Karine nous oblige à nous arrêter à chaque troupeau d'alpagas, parce qu'ils n'ont pas tous les mêmes fanfreluches aux oreilles. Il nous faut apparemment une photo pour chaque couleur. Oriana et moi, on reste zen, on mâche des feuilles de coca. Enfin, Oriana ne la gardera pas longtemps, après avoir décrété que cela avait un goût de foin. Quant à Karine, elle a failli vomir rien qu'en posant la feuille sur sa langue, donc elle n'est pas près de recommencer.

Voilà. Incontestablement une des plus belles routes qu'on ait faite, avec les prairies d'alpagas. Probablement un de nos meilleurs souvenirs, pour Karine et moi.

Dimanche 29

On quitte notre bivouac à 3000m (hier, on est descendu de 1500m en 5 minutes). Karine a eu le droit à une grasse mat et la journée sera égayée de petits cadeaux des enfants. On n'a pas oublié la fête des mères (qui se fête en juin aux Amériques, mais à des dates très variables selon les pays). Au réveil, j'avais une question en tête : pourquoi tant de nom de villes sur l'altiplano commence par 'Huan' ? Je veux bien offrir une carte postale à qui éclairera ma lanterne.

13h15 On est à 80km de Pisco. Ici, c'est plus riche, on retrouve des maisons à deux étages, en brique et non en adobe, et quelques restaurant avec un vrai panneau de pub imprimé et non juste un mot peint sur un rocher. C'est une région viticole, la seule du Pérou je crois.

14h50 Près de la côte, on retrouve à nouveau le désert et la misère. D'autant que Pisco elle-même (qui a donné son nom à l'alcool. Où l'inverse ?) a été ravagée par un tremblement de terre il y a une dizaine d'années.

15h00 Nous arrivons au village de Paracas, qui a pris la relève sur Pisco pour accueillir le tourisme. De fait, c'est une charmante petite station balnéaire très agréable, une véritable oasis dans la région. Sur la promenade, le long du port de pêche, des dizaines de restos et quelques petits hôtels. Un seul défaut au village : ça pue grave les coquillages. Heureusement, une fois à l'abri dans un resto, ça s'estompe, car sinon c'est une véritable infection. On prend donc un petit apéro, un cocktail avec de l'algarrobina (caroube) et le fameux Pisco Sour (3 mesure de Pisco, une de citron vert, une de sucre de canne, un blanc d’œuf, de la glace et au shaker : un régal !). Côté plats, on goûte enfin un fameux ceviche (de poissons) et des conchas anticonchada (genre de coquilles Saint Jacques). Le resto Juan Pablo est une adresse du Routard qui tient la route. Un peu cher, mais le goût est au rendez-vous.

Après avoir réservé notre départ pour les îles Ballestas, demain, 8h, on part 2km en sortie du village, sur une route en cul de sac qui se termine par un parking et la mer, dans la réserve nationale. Un super bivouac !

Lundi 30

6h15 Je me lève pour prendre une photo à l'aube et je tombe sur quelques flamants sur le bord de plage. Ouais, bof, il fait gris, la photo sera moche mais je les prends quand même. En rentrant au cc, Karine m'explique qu'il s'agit du flamant tricolore, celui-là même qui aurait inspiré San Martin pour les couleurs du drapeau péruvien ! Il paraît qu'il faut avoir de la chance pour en apercevoir avec les jumelles en faisant l'excursion dans la réserve... Sinon, j'ai aussi croisé un français qui promenait son chien. Ils sont plusieurs jeunes à voyager ensemble, avec un camion et un van, directement garés sur la plage. Comme nous, ils descendent.

On est prêt pour embarquer pour le tour des îles et on est accueilli au port par une mouette rieuse déchaînée. La ballade pour les îles dure 2h et commence par le passage devant un candélabre gravé sur une dune. Il devrait dater du 19ème siècle mais son origine n'est pas certaine. Croix du Sud ? Symbole Franc-Maçon ? On continue et on arrive aux îles sensément recouvertes de guano. En 1870, avant qu'on ne commence à le récupérer, il y en avait plusieurs mètres (jusqu'à 30 m !) et maintenant, c'est protégé, on ne peut plus en retirer que 2000t (à la pelle) tous les 8 ans. La dernière fois, c'était il y a 5 ans. En fait, il ne semble pas en avoir tant que ça, par contre, les producteurs de guano, eux, sont bien là par milliers. Impressionnant de voir tous ces volatiles concentrés sur ces petites îles. On y voit donc des fous blancs (probablement à pieds bleus), des pélicans, des cormorans et aussi quelques pingouins de Humbold, en voie de disparition. Parmi eux, quelques lions de mer, qui escaladent les îlots pour être à l'abri des vagues.

Une fois de retour au port, on petit-déjeune dans le resto à droite du Juan Pablo (quand on est dos à la mer) et là encore, c'est une adresse qui tient la route, surtout pour le petit déj créole. Puis on retourne là où on a dormi, car Karine espère bien voir les flamants elle-aussi (elle a voulu voir la mer, et on a vu la mer...). Coup de bol, ils sont encore là.

On décide ensuite de reprendre la route, pour Ica, une grande ville, car un voyant rouge s'est allumé sur le tableau de bord après notre dernière descente de montagne, et il faut qu'on change nos plaquettes de freins. Si ça doit prendre plusieurs jours pour avoir les pièces, on reviendra ici, à une heure de route.

Avant de partir, on recroise le français qui promène son chien et on discute un peu.

Déjà Ica. On demande à 2 ou 3 garages qui nous orientent chez Ica Frein. On est surpris de voir que c'est un tout petit truc mais on tente le coup. Comme on pouvait s'y attendre, il a pas les bonnes plaquettes, mais il y a d'autres qui feront l'affaire. Ok, on fera avec. En 1h30, c'est réglé. Pendant ce temps, je suis parti avec Oriana dans le resto pas loin, tenu par des italiens. Une amie à eux, attablée, m'invite à trinquer au pisco (pur, c'est 40°), pendant qu'on attend les plats à emporter. On discute pas mal et on finit par lui dédicacer une carte postale de Paris, avant de partir. On trouve ensuite un centre commercial pour refaire le plein de pâtes chinoises et on achète une bouteille de pisco sour dans la foulée, puis c'est nuit sur une station essence.

Mardi 31

12h30 En quittant Ica, on croise un cc européen, même style que le nôtre. Coup de klaxon et signe de la main, tout en poursuivant notre chemin.

14h Petit arrêt aux stands pour acheter des mini-bananes et une nouveauté, des bananes des îles. On en avait vu en supermarché, mais on pensait que c'était comme les plantains, pour la cuisine. Mais même si elles sont presque aussi grosses, elles sont à manger comme ça. En fait, elles sont même super bonnes et très sucrées. Bien sûr, lors de la transaction, la petite grand-mère m'a demandé d'où je venais. Du coup, elle a voulu apprendre bienvenu et merci en français... au final, je me suis fait embarqué à devoir répéter une phrase entière en quechua, du style 'très heureux d'avoir fait votre connaissance, à bientôt'. Ça a beaucoup fait rire le reste de sa famille, mais si ça se trouve, j'étais en train de dire 'je suis une banane bien plus grosse que celles que je viens d'acheter' !

Ces bananes devraient être bien utile, Karine et Eliott étant apparemment attaqués par des amibes tueuses...

On arrive à Nazca vers 14h30. On a le temps de manger et d'aller à l’hôtel Nazca Lines qui possède un petit planétarium. Il y a une séance à 18h15 en français. En attendant, on se rend directement à l’aérodrome pour réserver notre survol des lignes du lendemain. Ils nous proposent spontanément de rester dormir sur le parking à côté de la piste. Du coup, on se met d'accord avec le gardien pour revenir après notre séance d'astronomie.

Le Planétarium est vraiment un très bon plan du Routard. Un passionné, membre de la Société Astronomique du Pérou, nous déroule un petit film d'une heure, sur les lignes de Nazca et ses relations possibles avec les étoiles (entre autres). C'est axé autour des recherches de la mathématicienne allemande Maria Reiche qui a consacré la majeure partie de sa vie à ces lignes, et a vécu dans cet hôtel pendant des années (sa chambre est d'ailleurs condamnée). Une femme fascinante. Et ça sera encore mieux dans 15j car notre passionné était tout fier d'annoncer qui revenait de Lima et qu'il allait bientôt avoir la version digitale du matériel ! Ce planétario, construit en adobe et décoré de fresques nazca est le plus petit des 5 planétarium du Pérou, mais c'est aussi le premier ! On finit la soirée par l'observation des étoiles : croix du Sud à l’œil nu et de l'autre côté de l'horizon, la Grande Ourse (inversée par rapport à nos habitudes d'hommes du Nord, et extrêmement étalée et aplatie). Puis, avec un très bon télescope, on peut observer Saturne et ses anneaux, ainsi que Jupiter et 3 de ses 4 satellites. Magique. Tout ça en compagnie d'un couple de retraités qui se sont fait leur parcours d'un mois au Pérou à la mode sac à dos et transport en commun. Eux aussi avait le Routard. Sur ce coup-là, on lui dit vraiment merci !

On retourne ensuite à l'aérodrome et on regarde le début de la 3ème adaptation de la guerre des boutons (2011).

Mercredi 1 juin

8h Départ en Cessna pour 38 minutes de vol. 2 pilotes, 5 passagers. C'était bien, mais trop court en ce qui me concerne. Faut dire que j'étais à côté de Kyra, qu'elle était un peu petite pour bien voir (il faudra leur suggérer de prévoir des coussins pour surélever les enfants) et qu'elle était d'humeur grognon, du coup, j'en ai moins profité. Perso, je conseille donc un vol d'au moins une heure. Karine, elle, a adoré. Les enfants n'ont pas été plus impressionnés que ça, moi qui croyait que rien que le vol en Cessna serait une super expérience...

On reste ensuite un bon moment sur place, après avoir payé au petit magasin les 3 sols par appareil pour bénéficier d'internet. Du coup, j'achète aussi des chewing-gum à la coca (fabriqué par les USA au Canada, exporté en Autriche puis de retour au Pérou. Va pour l'interdiction d'exportation des feuilles...) Internet, c'est le temps de récupérer les messages WhatsApp sur le tel, mettre à jour ioverlander sur la tablette, et remettre le site d'aplomb sur l'ordi. Bien oui, j'apprends en me connectant qu'il est en rade depuis 5j. Explications : mon hébergeur a trouvé sympa de changer sa config de stockage de fichiers, sur laquelle je m'appuyais pour gérer l'affichage de mes pages. Bref, ça fait bizarre de se remettre à programmer après 11 mois d'arrêt !

On roule ensuite une heure vers Cuzco, avant de s'arrêter à 2800m. Du coup, on a un peu de temps pour faire un jeu de société... et prendre une douche.

18h45 Tranche de vie mélodramatique dans le cc : Kyra faisait la vaisselle toute seule pendant qu'Eliott, sortant de la douche et parti à la recherche d'une paire de chaussettes dans son placard, tombe sur son jaguar musical de Teotihuacan. Hurlement de jaguar dans le dos de Kyra ; on a frôlé la crise d'hystérie...

Jeudi 2

12h30 On traverse la Réserve Nationale Pampas Galleras, et cette fois, c'est des vigognes qu'on croise, par groupes de 5 à 20 individus.

Comme on a passé le seuil des 4000m, je m'octroie le droit de mâcher les feuilles de coca. On a d'ailleurs rerempli nos bouteilles de maté. Un verre obligatoire pour tout le monde. A la santé des sommets ! Côté sono, on poursuit avec mon album d'avec Monmix. Y'a pas à dire, avec un bon musicos, mes paroles, elles assurent !

Finalement, ce n'est probablement pas des amibes qui attaquent Karine et Eliott, vu qu'Oriana vient de passer dans leur camp, il s'agit plutôt d'un virus...

17h On s'arrête parce qu'on a déjà atteint les 3850m et que ça continue de grimper pour un bon moment.

18h30 Kyra ne se sent pas bien, on décide donc de redescendre pour un stop à 3650m... Mais ça n'aura pas suffi pour Kyra, qui finit par vomir.

Karine et moi passons une nuit d'enfer, mais ce n'est rien à côté de Kyra qui ne dort quasiment pas et vomit plusieurs fois.

Vendredi 3

6h30 Je finis par me lever, avec Kyra. Elle est mieux dans sa couette dans un fauteuil que dans notre lit... Purée, j'ai froid ! On a encore dormi avec pyjama + pull + veste polaire + couette. Hier soir, j'ai même coupé le frigo parce que ça empestait le gaz. Normal, il n'y a pas que les paquets de chips et le ballon d'Oriana qui sont gonflés à bloc...

13h Petit arrêt à un mini-resto pour prendre deux caldos de pollo à emporter et des petits biscuits salés, en plus de l'incontournable remplissage de nos bouteilles de maté de coca. Les biscuits salés, c'est pour Kyra, qui n'est vraiment pas bien. Elle ne peut plus rien avaler, et on reprend l'alimentation tout doucement. Voilà qu'elle est attaquée côté intestins. A-t-elle le mal des hauteurs ou le virus type gastro des autres, ou la totale ?

Au mini-resto, on tombe sur un couple de jeunes français, qui reviennent de Cuzco et font un voyage d'un mois. Actuellement à mi-parcours, ils finiront à Iquitos avec un trek de 4 jours en Amazonie. On a même pas eu le temps d'échanger nos prénoms, mais par contre, on a de quoi être en contact sur le net ! Le gars fait de petites vidéos de son voyage et j'ai bien envie de les voir !

On est ensuite reparti, mais Kyra n'étant pas bien, elle s'est couchée, avec moi, à l'arrière du cc. Ça ne m'a pas empêché de voir défiler par la fenêtre plus que le quota du jour de lamas, alpagas, vigognes et moutons. La route Nazca-Cuzco est longue, on n’avance pas beaucoup, mais elle est aussi belle, même si elle est moins 'rustique' que Huancayo-Huancavelica.

18h20 On a roulé 25min de nuit pour faire les 20 kms qui nous permettrons de dormir à 3000 au lieu de 3600. De nuit, ça reste toujours sport, surtout qu'il faut éviter dans l'ordre : des branches d'arbres (tombées d'un camion, vu qu'il n'y a pas d'arbre ici), de grosses pierres (tombées de la montagne, ça ça manque pas), deux vaches, et deux ânes. Mais il faut bien mériter le surnom que les Couvalventure nous ont donné : les roule-nuit.

On s'est arrêté devant un mini-resto (c'est soit je les appelle comme ça, soit je dis boui-boui). Une fille de 12 ans y fait ses devoirs. Il faut qu'on attende que la Senora arrive. Une voiture la dépose, avec ses deux enfants. Elle nous prépare nos plats, pendant qu'on fait visiter le cc à la fille, Rosalinda et aux deux petits, 'qui ne sont pas ses frères et sœurs', Valentino (3 ans) et Nicole (4 ans). Valentino fait son timide et reste dehors, mais quand on offre un jouet McDo à sa sœur, sa timidité disparaît aussitôt !

Ce soir, tout le monde se couche tôt... enfin, essaye. Kyra, qui est définitivement dans le camp des malades passe une bonne partie de la nuit aux toilettes ou en tous cas à pas savoir dormir.

Une fois couché, on a froid. J'en suis au stade à mettre ma capuche de veste polaire.

Samedi 4

...En plus, on a essuyé une tempête de vent de 5h à 8h, un truc à faire bouger le cc !

8h, donc, et on est mort de froid.

10h30 On peut sortir dehors en T-shirt. On déjeune ici. Oriana revient d'avoir passé commande et annonce à Karine : 2 caldos, 1 lomo et 1 chicharone. Elle en oublie de parler français mais on se comprend ! C'était à nouveau très bon. Une petite maisonnette dans la vallée, avec une charmante dame qui fait à manger pour les routiers de passage. Ce matin, les enfants jouaient avec les jouets offerts. Il y a aussi 4 petits chatons et deux chiens, dont un très beau, un genre de groenendael, mais beige clair ! Bref, un bivouac agréable.

16h30 Abancay. Selon le site du gouvernement français : 'ville située à proximité du VRAEM (Valle de los ríos Apurímac, Ene y Mantaro), Abancay est un lieu de transit pour certaines activités criminelles. Bien qu’aucune atteinte aux personnes n’y ait été recensée au préjudice de touristes étrangers, le passage par Abancay demeure déconseillé.' C'est dans cette région qu'on y trouve les camps de travail du Sentier Lumineux. La ville, elle, ne brille pas et a plutôt triste mine. Nous, on a pas trop envie de s'arrêter. On poursuit donc notre route. Et j'en profite pour bouquiner un peu côté politique. Deuxième tour des élections demain donc, avec Keiko vs Kuczynski. Kuczynski est le fils d'un médecin juif allemand qui a fui le nazisme au Pérou... Keiko, c'est...La cas Keiko, qui assurait plus le 1er tour une couverture murale des maisons au moins 90% plus importante que les autres candidats, sans compter les affiches dans les grandes villes qu'elle est seule à avoir. Pourtant, dans les montagnes, elle ne fait pas l'unanimité. Au contraire, dans la maison resto de ce matin, il y avait un calendrier pro-Acuña (exclu depuis pour avoir donné de l'argent à des électeurs). L'image était pourtant belle : César sur un âne, une petite maison en terre en arrière-plan et la baseline 'C'est ici qu'est né l'homme qui va changer le Pérou'. Revenons à Keiko. Comment finance-t-elle cette campagne où l'on ne voit qu'elle ? La théorie de Karine est qu'elle est financée par les Américains. J'ai donc ouvert le Routard à la section histoire, et là, révélation face à mon inculture crasse : c'est la fille d'Alberto Fujimori. Le dictateur, emprisonné suite à un mandat d'arrêt international, pour violation des droits de l'homme, meurtre, kidnapping et crime contre l'humanité (notamment pour stérilisation contrainte de 350 000 personnes, principalement des quechuas). On peut lui ajouter la création d'un escadron de la mort qui dans ses élans mal contrôlés dans sa lutte contre le Sentier Lumineux (son concurrent direct en tant que narcotrafiquant...) en profitait pour éliminer quelques étudiants contestataires au passage. Un père peu recommandable, une fille démago. Un petit air de déjà vu...

On termine la journée par des montagnes avec sapins et au loin des sommets enneigés. Un troupeau de vaches et moutons nous coupe la route, le berger tient un agneau dans ses bras. Ce n'est pas Abancay, ce n'est pas Keiko, c'est le Pérou qu'on aime.

Dimanche 5

Dernière petite journée de route jusqu’à Cuzco. Ce périple depuis Nazca, ponctué de nombreux arrêts d'urgence toilette pour Kyra devrait se clore ce soir dans un hôtel. On vise le haut de gamme : toilette privative (primordial), douche chaude (aussi !), internet et parking. Et on compte y rester quelques jours, pour retaper tout le monde.

En route, on croise un cc français. Enfin, Karine et Oriana le voient. Moi, je suis au fond du cc avec Kyra.

On fait notre pause repas à Poroy, près de Cuzco, à la Divina Sazon. L'occasion pour moi de remanger un cuy, entier (servi avec la tête, les grandes dents...). Un chouette resto (et pas seulement pour le cuy).

L'arrivée à Cuzco est déroutante : toute la périphérie est sale, triste et moche, avec ses montagnes de détritus où se battent des bandes de chiens. Mais on descend dans la ville (Cuzco est dans une énorme cuvette) et on retrouve d'abord les caractéristiques d'une grande ville occidentale classique, puis on arrive dans le centre historique qui lui est vraiment magnifique. Ça tombe bien, l'hôtel qu'on s'est choisi est à 10 min à pied du centre. On se retrouve dans une chambre immense, au dernier étage, mansardé. La pièce a deux lignes simples et un lit double au premier niveau, et deux mezzanines avec chacune un lit simple. Royal. On s'y fait une petite soirée SW Ep2 avec Eliott et Oriana, tandis que Kyra et Karine s'endorment comme des masses.

Lundi 6

C'est confirmé par mail, c'est bien Natacha et Bart que l'on avait vu à Trujillo ! Et maintenant, ils sont devant nous, à Arequipa. Ils ont décidé de zapper le Machu Picchu et la Vallée sacrée. Nous aussi, on va zapper le Machu Picchu : accessible seulement en train ou en longeant les voies pendant plusieurs heures et en courant pour pas se faire rattraper dans les tunnels, nécessité de prendre les sacs à dos pour une nuit sur place à Agua caliente, prix exorbitant, nécessité de laisser le cc quelque part et la quasi-certitude d'entendre les enfants se plaindre de ne voir que des veilles pierres. On se garde donc le Machu Picchu pour plus tard, quand il aura évolué en Machu Pikachu et qu'on pourra faire un grand trek avec des enfants plus grands !

Par contre, on va quand même faire le tour de la Vallée Sacrée, en commençant par Cuzco.

Aujourd'hui, j'ai fait quatre fois l'aller-retour au centre historique, entre autre pour aller chercher des pains au chocolat à l'autre bout de ce grand quartier... Le midi, on est allés chercher des hamburgers chers mais bon et le soir des hamburgers pas chers mais bon aussi.

Et pour finir la journée, le début de Mune, gardien de la Lune sur l'ordi. Un dessin animé fabuleux.

Les malades se remettent tranquillement, comme certains ont pu en juger par Skype.

Mardi 7

On découvre les jeux de sociétés de l'hôtel, en particulier les excellents Gymkhana et Stratego. Je fais d'autres aller-retour en ville et les malades vont mieux.

La plaza des Armas est vraiment superbe. En plus, le mois de juin c'est la fête (avec le point culminant le 24, pour l'Inti Raymi) et à toutes heures, il y a de 3 à 6 écoles qui font des répets de danse tout autour. De 8h à 20h elles sont présentes ! Ils y ont aussi deux grandes cathédrales autour de la place, des maisons avec balcons en bois, bref, c'est joli.

Mercredi 8

Oriana est admise - contre toutes attentes - en 1ère S. Le CNED a statué, c'est bon mais il faut qu'elle finisse le programme. Effectivement, elle a 17 de moyenne, mais normalement, elle était sensée rendre 80% des devoirs minimum. On en est très loin.

Aujourd'hui, tout le monde est d'attaque pour visiter la ville. C'est vraiment sympa de se balader dans le centre historique, et de se perdre dans les ruelles étroites. Le quartier a beau être une succession d'auberges de jeunesse, de tours opérateur, de magasins de souvenirs et de restos, on s'y sent bien quand même. Ambiance détendu, vacances et tourisme sans qu'on se marche dessus.

Ce soir, on passe la nuit dans notre cc, devant l'hôtel : un grand groupe de québécois avait réservé l'hôtel tout entier pour ce soir. Mais on récupère notre chambre dès demain matin !

Jeudi 9

Matinée cartes postales dans le petit salon de l'hôtel.

Pour fêter le passage d'Oriana, on s'offre un resto italien super bon (et super cher...). Inkanto, une vraie bonne adresse. Tous nos plats de pâtes sont extra, et mon dessert en particulier est à tomber. La barre croquante est dingue. Je ne suis pas sûr d’exagérer en annonçant le meilleur dessert de toute ma vie... En fond musical, on a même le droit à quelques titres français, tout droit sorti de l'espace intersidéral des mecs qui ont dû faire une initiation chamanique à l'Ayahuasca. Pour exemple, on citera l'excellent 'Tout va bien', de Pascal Parisot. Youpi. Youpi.

Eliott nous fait une petite rechute, mais pas de panique, on est à l'hôtel.

Vendredi 10

Nouvelle journée tranquille avec une nouvelle grande session cartes postales.

Journée déprime pour moi car le site (la partie administration) est en rade et qu'il va me falloir des jours pour tout remettre à plat. Tout ça à cause de l'hébergeur - online.net que je quitterai à mon retour - qui a jugé bon de mettre à jour ses serveurs sans prévenir. Et si moi ça me convient, d'avoir du code obsolète et de consacrer mon temps à autre chose que de revoir mon code en permanence ?

Fin de soirée avec Narnia 2 (ce qui implique qu'on avait regardé le 1 la veille...)

Dernière nuit à l'hôtel.

Samedi 11

On quitte Cuzco, en passant par le centre commercial pour un réapprovisionnement en règles. Mais pourquoi faut-il que les centres commerciaux soient toujours du côté gauche de la route. C'est toujours la galère, pour faire demi-tour sur ces nationales ! Ils en ont de la chance, ceux qui font l'AmSud du Sud au Nord !

16h Vous voilà à nouveau sur les hauteurs de Cuzco, pour une pause déjeuner, et voilà qu'il pleut. Un peu, 10 min. Voilà, c'est fini, la surface au sol n'est même pas entièrement mouillée.

On roule jusqu'à Chinchero, à une trentaine de kilomètre, et on se trouve un petit coin sympa près du terrain de foot. Le vacher-berger qui passe par là nous confirme que c'est un bon endroit. Un berger qui ne tombe pas des nues quand on lui dit que l'on est français. 'Ah, de Marseille ?' 'Non, de Paris'. 'La Tour Eiffel' 'Tout à fait !'

Ce soir, à la TV, il passe la suite de Mune...

Dimanche 12

Nous sommes au bon endroit au bon moment. Le marché dominical de Chinchero est vraiment bien. Contrairement à ce qu'écrivait le Routard, nul besoin d'acheter le billet 2j ou 10j pour entrer dans la ville. Contrairement à ce qu'indique le panneau, nul besoin de payer 1 sole pour se garer au parking. Tout n'est probablement pas authentique dans ce marché, mais la majorité de l'artisanat semble l'être. C'est ainsi que Karine achètera une ceinture à une vieille dame en train de les faire (elle s'accroche son travail à la taille et l'autre extrémité à un poteau). 'Oups, désolée madame, j'ai oublié de faire la boucle à celle-là, bougez pas, je la finis tout de suite'. Un vrai sketch quand elle a besoin de nous rendre de la monnaie et qu'elle demande à son voisin, et, que, toujours accrochée à son poteau, elle est trop loin pour l'atteindre ! Kyra y a trouvé sa trousse pour la rentrée, Oriana de très jolis gants, on a aussi des petites surprises pour on dira pas qui. Personnellement, je me suis offert une flûte à 4 trous en os de lama (ou en os de mouton, pour ce que j'en sais. En tout cas, elle pue encore le bouc). J’avais renoncé vu que je n'arrivais pas à en tirer un seul son. Pourtant, le problème ne venait pas de l'instrument, le gars en jouait très bien... Finalement, à force de passer plusieurs fois devant, le prix avait régulièrement baissé, jusqu'à atteindre mon seuil psychologique de 25 soles. Ok, à ce prix, je veux bien persévérer jusqu'à en obtenir quelque-chose Et je déduis directement les 25 soles de la cagnotte 'Bourse musicale Monmix'. Enfin, Kyra a aussi eu droit à son chapeau qu'elle aimait tant. Karine n'était pas pour, mais même après la pause repas, elle en parlait encore. C'est moi qui ai validé l'achat du coup. Il n'est pas du tout dans des couleurs gaies de petite fille, mais pourtant lui va super bien. Milie, je crois que tu as une adepte, côté couvre-chef ! Il me reste à vous parler du repas, à une des extrémités du marché. Étonnant de voir qu'on était les seuls européens de ce côté, malgré le nombre important de touristes ailleurs dans le marché... On a donc mangé nos chicharonnes parmi les péruviens, entre deux stands de chicha très fréquentés. Alors ici, la chicha, elle fermente dans d'énormes barils en plastique, avec une épaisseur de mousse de 10 à 20 cm à la surface. Elle est servie dans des verres en plastique de 500ml et... au final, c'est pas la meilleure que j'ai bue...

Bref, très chouette marché, où l'on peut prévoir d'y faire ses achats de souvenirs, plutôt qu'à Cuzco (ou n'importe où ailleurs au Pérou).

14h20 Nous quittons la route asphaltée près de Maras, pour une piste de 6km qui mène vers les Salineras. Karine me montre un camion rouge, à 500m devant nous. N'est-ce pas celui des français qui étaient à Paracas ? Mais si ! Il est suivi par un van et ils voyageaient à plusieurs ! C'est sûr, c'est eux. Pour resituer le truc, on n'avait rencontré de la bande qu'un gars, celui qui promenait son chien pendant que j'allais photographier les flamants. Une fois sur place, aux Salineras (dont la vue est à couper le souffle quand on les aperçoit de l'autre versant de la montagne), c'est confirmé, c'est bien eux. On ne les connaît pas et eux n'ont plus, vu que le gars au chien (bin oui, on avait encore pas pensé à donner nos prénoms) n'est pas avec eux en ce moment. Il nous l'avait dit et il l'a fait : un trek de 5 jours en cours ! On échange quand même de bons conseils et on partage du vécu, en plein milieu des salines. Et on a même droit à un autocollant avec leur beau camion. 'Chewbacca on the roads of south america'. Sûr qu'on va les suivre sur FB (chewbaccaontheroad). A tout hasard, je leur demande s'il ne leur reste pas un autocollant zadiste, ça aurait bien claqué sur le cc. Mais non, le dernier était pour le flic ripoux. Je ne vous avais pas raconté cette anecdote (racontée par l'homme au chien) : un jour, contrôle de police, amende à payer. Un classique aux Amériques. Négociations devant la somme astronomique demandée pour finalement s'en sortir à 20 fois moins que le tarif de base (là, ils ont fait fort). Mais le flic en veut un peu plus, il veut un 'regalo' de France. Quoi de mieux qu'un sticker zadiste offert à un flic ? Sur ce coup-là, moi j'applaudis !

Quant aux Salineras, on est tous d'accord, ça vaut largement les 3 bonhommes du Routard. C'est bluffant à voir de loin, et ça l'est tout autant de s'y promener. Quelques 4 000 bassins, dont certains existaient déjà avant l'époque des Incas, et où l'on y 'récolte' toujours le sel. Vraiment un truc à voir dans sa vie !

Et pour ceux qui voudraient participer à la validation d'une earthcache sur geocaching, voilà les questions auxquelles il faut répondre :

a) Do you think there would be more salt found in the upper or lower pool, or would they be roughly equivalent ? What do you see at the site that supports your theory?

b) Try to describe how would the area around this salty springs look like without man

18h On est arrivé à Pisac vers 17h45 mais on ne trouve pas de coin sympa où se poser, du coup, on décide de continuer vers les ruines où il y est sensé se trouver au moins un bivouac correct. Mais la nuit est déjà là, et pas de bol, la route qui monte jusqu'aux ruines se dégrade. Du coup, quand on passe devant un grand espace dans un virage, on hésite pas et on s'échoue là.

Fin de journée classique et au programme TV pour ce soir, 'Hors de prix' pour Karine et Oriana, les dernières pages du livre de Sudoku pour moi et dodo pour les petits.

Lundi 13

Réveil sympa avec juste en face de nous les impressionnantes terrasses incas. On se rend jusqu'aux ruines et là, on est obligé d'acheter le pass 4 sites / 2 jours, c'est le minimum. On tente bien d'amadouer le gars au guichet mais rien à faire : 70 soles chacun, pour Oriana, Karine et moi. Nous voilà dans les ruines, avec d'abord le quartier Qantus Rankay, puis les terrasses, vraiment belle, puis, en hauteur, un autre quartier, Qallaqasa. Un vrai labyrinthe, avec de tous petits escaliers entre les maisons, des maisons presque les unes au-dessus des autres. Et sur la montagne en face, des cavités creusées dans la roche, qui servaient de sépultures. La question se pose de savoir comment ils faisaient pour y aller. En tout cas, c'est sûr, leurs morts ne devaient pas être dérangés. On passe ensuite la Puerta del Serpiente et voilà, ça s'arrête brusquement : le chemin à flanc de falaise, qui mène vers l'Intiwatana, est fermé. Bloqué. Barré. Pas de tunnel du Puma, pas du 'temple où l'on attache le Soleil'. Pas de temple de la Lune. Pas d'autel de sacrifice pour les animaux. C'est fini, on rentre. Karine est extrêmement déçue, d'autant qu'elle l'était déjà avant de savoir que ce serait fermé. Elle n'a pas du tout aimé les ruines. Moi je suis plus réservé, j'ai bien aimé voir l'architecture de cette ancienne ville. Mais côté organisation, c'est effectivement honteux. Il y a des flèches dans tous les sens, qui ne veulent rien dire à par 'suivez cette flèche (où une autre) et vous finirez par trouver un panneau 'Buses - Taxi - Salida''. Aucun panneau explicatif, rien. On est à des années lumières des ruines de Tikal ou de toutes celles du Mexique. Par contre, le prix est super élevé, avec l'impossibilité de payer uniquement pour ce site et la moitié du lieu qui ne peut être visité (et bien sûr, pas question de te prévenir à l'entrée). Le Routard avait consacré une page à son coup de gueule sur le Machu Picchu et son usine à fric. Je crois qu'on peut considérer que les ruines de Pisac sont un mini-Machupichu, en termes d'abus. Ceci dit, même si j'estime que comparativement à d'autres choses, ça ne vaut pas les 20€ qu'on y met, je pense de c'est dommage de passer à côté de ces ruines. Karine elle, s'en serait assez facilement passée...

Avant de repartir, on avale un épi de maïs géant (choclo) et on roule tranquillement jusqu'à Andahuaylillas, à une quarantaine de km au sud-est, pour y voir demain une église, surnommée 'la chapelle Sixtine des Amériques' (selon le Routard) ou 'des Andes' (selon le panneau à l'entrée du village). Arrêt sur une station essence abandonnée.

Mardi 14

Quoi de plus normal au réveil que d'être encerclé par des boeufs quand on a dormi sur une station désaffectée...

Après un frugal petit déj, on fait le kilomètre qui nous sépare du parking de l'entrée de la ville, et on poursuit à pied dans les petites ruelles pavées. Andahuaylillas, c'est vraiment un charmant petit village, qui n'a d'ailleurs quasiment pas de rues en terre, elles sont toutes pavées. Impossible à deviner lorsqu'on ne fait que passer et qu'on poursuit sur la Panaméricaine, qui longe le village sur un côté. Mais le top du top, c'est son église, juste devant la place des armes où se sont développées de grands arbres envahis par de la mousse espagnole. L'église San Pedro Apostol méritent amplement son surnom de Sixtine locale. De l'extérieur, deux jolies fresques. De l'intérieur, on ne sait plus où donner de la tête. Murs et plafonds sont peints, d'immenses tableaux des vies de St Pierre et St Paul occupent les murs. De nombreuses statues du Christ sont exposées dans les alcôves (d'ailleurs plus réalistes qu'en Europe ; ici on ne lésine pas sur les marques de flagellations...) Et ce qui est à mon sens le plus original, les peintures de la nef, avec d'un côté de l'entrée, le chemin vers l'Enfer, et de l'autre, celui vers le Paradis. Amusant, le dessin est légendé, avec des lettres et des explications en latin. Genre Grand C, triple câble [qui part d'un homme et va vers les porte du Paradis] très difficile à rompre [derrière lui, on voit un autre câble tendu par un monstre de l'Enfer..] Petit plus sympathique : les photos sont interdites, mais on t'offre un CD-Rom à l'entrée, quand tu achètes ton ticket.

Ensuite, on est allé au resto de locaux et là, on a attendu trois plombes (on a vu passer le patron et revenir plus tard avec de la viande et du riz...).

Enfin on reprend la route. Les champs, de maïs principalement sont fauchés. On peut y voir de nombreuses femmes faire sécher les épis et les trier. On a aussi vu des hommes faire tourner deux ânes en cercle, pour fouler la paille.

On s'arrête à l'entrée de Sicuani, dans l'idée de faire le plein et remplir le réservoir d'eau. L'accueil est plus que chaleureux par l'un des deux pompistes, qui parle et parle à Oriana sans même lui laisser le temps de traduire. Un peu de politique (avec entre autre l'idée intéressante qu'il faudrait une monnaie unique à l'AmSud, du Mexique au Chili pour accélérer le développement des pays comme le Pérou), un peu d'histoire du Pérou (et des atrocités commises par les Espagnols il y a cinq siècles et du racisme ambiant actuels, où les métis se trouvent coincée entre les 'indigènes' et les descendants de l'Europe...) et beaucoup de parole de Dieu. Sinon, pour le plein d'eau, s'est râpé. Déjà que je me gelais les mains parce que le tuyau n'avait pas de pas de vis (j'ai tous les adaptateurs possibles, mais ils n'en font pas encore qui serrent tous seuls...). Ensuite, la gérante est venue nous dire que c'était pas possible que l'eau, ça coûtait cher et qu'on en prenait beaucoup. Donc je remballe et là le pompiste vient en disant 'Elle a dit quoi la sorcière ? C'est pas la proprio, c'est juste une régente. L'eau, elle la paie pas.' On discute encore un peu, il visite le cc, nous montre sa petite Bible et la nuit tombe, du coup, on accepte son invitation à dormir là. 'Et si elle vous demande de payer, c'est hors de question, j'irais lui parler'. Du coup, après s'être installés, je vais avec Oriana lui remettre une carte de Paris. L'émotion est à son comble. Un peu plus tard, il reviendra nous offrir un sachet de biscuits crackers. Et sinon, on est aussi invité à revenir, pour aller chercher de l'or avec lui à Paititi. C'est pas le mal, puisque c'est pour la famille. Sinon, on pourrait aussi acheter des terrains et les revendre, toujours pour le bien de la famille. En tout cas, on est les bienvenus au Pérou et en AmSud !

Dans un tout autre registre, Karine et Oriana regarderont Independance Day ce soir (pendant que je suis coincé dans notre lit avec Kyra qui n'arrivait pas à s'endormir seule)

Mercredi 15

8h Toc toc toc! C'est Rodolfo, venu nous dire au revoir avant de quitter son service. Il arrive avec un petit texte religieux recopié sur une facturette, et une pièce d'une sole, en souvenir du Pérou. Merci beaucoup, on est touché.

On reprend la route où le maïs sèche au soleil et où la paille est piétinée par des ânes, mais aussi des boeufs ou des cheveux. Comme les seigneurs Sith, ils vont toujours par deux. Ici, les gens - d'après les peintures aux murs - ont dû voter massivement 'Cornejo' (pas 'lapin', mais avec un 'r', c'est le nom du gars), pour le parti agricole, au premier tour.

Ralentissement pour cause de travaux. Etonnant, ici les femmes sont majoritaires dans le groupe de travailleurs. En jupe et en casque !

On s'arrête à la frontière entre la région de Cuzco et celle de Puno, à 4335 m, parmi les lamas et avec les monts enneigés en toile de fond. Sur le panneau séparant les deux régions, une micro-cache. Je cherche à tâtons et je vais tomber un petit aimant. Flûte, cache KO, il ne reste qu'un bout d'aimant. Mais non, ce minuscule aimant s'ouvre, avec un bout de papier à l'intérieur pour y logguer son nom. Celui-là, il aurait eu sa place au Musée des espions !

Un peu plus tard, on s'arrête à nouveau, pour manger cette fois. Ici, on découpe des morceaux de mouton à même la bête. Une écharpe de portage nouée et posée au bord de la route signifie qu'il y a un mouton bon à manger à l'intérieur. Le cauchemar du Petit Prince. Nous sommes à Ayaviri et visiblement, c'est leur spécialité. Kinkachos ! El cordero macho !

15h30 On passe un péage et c'est une femme au guichet. 'Mais que ça fait plaisir de voir une femme au volant, et que vous ayez emmené ça comme copilote. Les femmes en haut et les hommes...' ... on ne sait pas quoi, Oriana n'a pas su traduire. Je crois que ça vaut mieux. Décidément, c'était Nénettes Rulez aujourd'hui.

On passe devant le village de Tuni Grande. Depuis une dizaine de kilomètres, on voit énormément de rapaces, des petits, genre de faucons et d'autres plus gros, posés sur les fils électriques et les poteaux. Un peu plus loin, sur le Rio Pucara, un peu avant Calopuja, on peut observer des flamants...

A l'origine, nous avions prévu d'aller à la Péninsule de Capa Chica, décrite avec emphase par le Routard, mais le couple de français qu'on avait croisé dans les hauteurs entre Lima et Cuzco, nous avait dit qu'on n'y verrait que des gens en habit local, et que ça ne valait pas le coup de faire 30 km de piste pour ça (et accessoirement de crever, comme eux). Du coup, c'est objectif Puno pour ce soir... si on s'arrête pas toutes les 5 minutes pour voir des flamants (après les pélicans, Karine nous fait les flamants)

17h30 45 minutes de galère à tourner dans Juliaca, la grande ville aux rues défoncées, parce que la route principale, la Panam, est à sens unique et bien sûr pas dans celui qui nous arrange. 45 min pour faire 6 kms... Du coup, on s'arrête à la nuit tombée, juste après en être sorti.

Kyra a perdu une dent.

Jeudi 16

Nous avons passé la nuit à 3800 sans soucis et sans maté de coca pour Kyra. On s'acclimate. Kyra a trouvé 7 soles sous son oreiller.

Ce matin, on fait les quelques kms qui nous séparent de Puno et on laisse le cc dans un parking gardé près du quai d'embarquement pour les îles Uros, les îles flottantes du Lac Titicaca. Le principe est simple : tu payes pour aller sur une île, mais tu ne choisis pas. Un système de roulement est mis en place par la communauté Uros pour que chacune leur tour, les familles (une île) puisse accueillir les touristes. La nôtre accueillait en principe trois groupes dans la journée (d'une dizaine de personnes), une fois par semaine. Ca commence par 25 min à bord d'un petit bateau (la plancha) pour rejoindre les îles. Nous y avons fait la connaissance de Léa et Julien, des français qui font un voyage sac à dos de 3 mois Equateur-Pérou-Bolivie. Nous avons débarqué sur l'île de 4 ou 5 cahutes, accueillis par le salut traditionnel en aymara. L'aplantissage (c'est bien comme ça qu'on dit quand on débarque sur des roseaux ?) est assez amusant. C'est comme de marcher sur des bottes de paille. Le président de l'île nous a fait une présentation de sa famille, en commençant par le grand père assis dans un coin qui aurait 100 ans. Il nous parle de la communauté en général, des écoles, de l'église, de l'hôpital. Tout se trouve sur des îles différentes où au total vivent environ 2500 personnes. Comme moyens de transport on a : des barques à moteur, des petits bateaux traditionnels en roseaux - la Volkswagen - et de gros bateaux en roseaux, qui ressemblent un peu à un catamaran - la Mercedes. C'est de ces bateaux que s’est inspiré Thor Heyerdahl pour la construction du Kon-tiki. Il était parti de Lima en 47 et avait rejoint un atoll du Pacifique, pour prouver qu'il était possible que des peuples d'AmSud aient déjà accosté en Océanie. Le discours du président se termine par un petit rappel sur le fait que sa famille ne vit que de l'artisanat et du tourisme, tandis que d'autres familles ne vivent que de la pêche et de la vente de canard et de leurs oeufs (sauvages ou élevés sur leur île ?). C'est ainsi qu'ils peuvent maintenir un équilibre pour les ressources du lac. Logiquement, on est invité à suivre un habitant de l'île dans sa hutte, pour visiter son une-pièce et bien sûr, voir son artisanat. Nous voilà donc tous les 5 avec Anna dans sa petite maison de paille, ou plutôt de roseaux. Deux matelas de roseaux : le lit des parents et celui de ses deux enfants (à l'école sur une autre île), des petites alcôves en bois, sortes de placards, à la tête de lit de parents et... ça doit être tout. 3 lampes économiques aussi. Chaque hutte ayant son panneau solaire (de la taille de celui de notre cc, soit 100W). Sur d'autres îles, on verra que certains ont aussi une parabole, et d'autres ont même des toits en tôle. Mais ça, c'est pour les familles qui ont acceptées d'être converties par les Mormons (la plupart des familles étant maintenant catholiques, même si leur croyance reste fortement emprunte de culture Uro et Inca). On se décide à acheter un tissu représentant la famille sur l'île et Kyra dépense une des deux pièces laissée par la fée des dents cette nuit pour un magnifique mobile en roseaux. Ensuite, il est trop tard pour faire le tour de l'île (qui doit faire 15m sur 20m) et monter sur le mirador. Dommage, moi j'aurais bien aimé voir leur four, et... leurs toilettes. En théorie, on peut rester sur l'île jusqu'au retour en bateau, mais dans les faits, tout le monde monte à bord de leur 'Mercedes' pour aller jusqu'à l'île principale (moyennant un coût additionnel de 8 soles par adultes). Au moment du départ, on a le droit à un moment ultra kitch mignon : la chanson d'adieu. D'abord la vraie chanson en Aymara. Puis une autre en quetchua. Jusqu'ici tout va bien. Puis une autre en... français, puisque nous sommes majoritaires dans notre groupe. C'est ainsi qu'on a eu le droit à 'Sur le pont d'Avignon', chanté et mimé par 3 femmes et deux hommes... Et les dames font commmme ça... Puis honneur à l'anglais avec un genre de yeeepee hiii et enfin une comptine en catalan. Merci pour ce moment cosmique. Sur l'île principale (qui n'est pas la plus grande), il y a quelques boutiques (en roseau toujours) de souvenirs, un resto de truites (élevées dans un bassin au coeur de l'île), un mirador et une poste ! Dans une cahute qui sert de salle de resto, il y a une vraie boite aux lettres officielle et dans une autre cahute tu peux acheter ta carte et la faire tamponner avec le tampon local à valeur internationale (mais pour 5€ au lieu de 2 !). En guise de tampon, moi je me suis contenté d'un ajouter un sur mon passeport, pour 1 sole. Pas de bol pour les autres, je suis le seul à toujours avoir mon passeport sur moi...

Ensuite, je propose à Léa et Julien de manger au resto avec nous. Je fais comme eux, un dernier ceviche avant de quitter le Pérou pour la Bolivie. Les autres restent plus classiques/prudents dans leur choix. Et on discute voyages. Julien a déjà fait 7 mois en Australie, en traversant à l'horizontale, ce qui n'est pas fréquent. Pas d'autre choix que de se taper tout le désert, dans un van acheté et revendu sur place. Léa a déjà fait l'Inde, de son côté. Un bon moment.

On repart ensuite avec dans l'idée de se rapprocher de la frontière, mais comme on fait quelques courses à Puno avant, il fait déjà nuit quand on quitte la ville, du coup, une fois de plus, c'est la 1ère station qui est ok (c'est fois, il faudra en faire 3 avant de tomber sur la bonne, les autres ne sachant pas si les proprios -pas encore là- seraient ok. Station un peu pourrie, sans WC, mais très sympa et où on a pu faire le plein d'eau le lendemain, malgré le fait qu'il n'avait pas d'eau courante (réserve souterraine et grosse pompe électrique).

Vendredi 17

On reprend la route tout tranquillement, parce qu'on a vu sur les commentaires ioverlander à la frontière (encore merci pour celui-là signé René et Barbara !), qu'il était presque impossible de passer un vendredi, jour de marché. En chemin, pendant une halte vidange de WC, les autres membres de la famille ont l'occasion d'observer furtivement des viscaches, qu'ils avaient pris pour des lapins avant de voir leur queue. Hier, on avait pas tilté quand le président de l'île avait expliqué que le lac avait une forme de puma mangeant un lapin, un je-sais-plus quoi ou justement, une (un ?) viscache. Encore un animal qu'on ne connaissait pas avant des voir les Barbapapas autour du monde.

12h30 On vient de croiser une famille européenne en vélo. Enfin, moi, j'ai rien vu, j'étais dans les cartes, mais la maman a fait un grand coucou à Karine. 2 adultes et 2 enfants de 10-13 ans. Chapeau !

En face de nous, de l'autre côté du lac, les sommets enneigés du mont Illampu, à 6421m. Magnifique.

16h20 On voulait pas aller jusqu'à la frontière, mais à ne pas se décider pour un endroit où dormir, nous y voilà quand même. Le marché semble se vider. Encore beaucoup de trafic, mais plus de locaux venus pour acheter et qui auraient bloqué la rue. Seulement une foule de tuk-tuk des vendeurs qui quittent progressivement les lieux. Du coup, on se lance et en 1h20, c'est réglé. Un temps record : on se gare d'un côté du pont (ce qui fait que si un autre véhicule arrive, on le bloque, mais dans les faits, il n'y a que des tuk-tuk et des gens à pieds ici), on se fait tamponner la sortie sur les passeports et annuler le permis de circuler. On change notre argent, on paie 12 bol le droit de passage sur le pont, on se gare de l'autre côté en gênant tout pareil, re-tampon pour l'entrée. Pendant qu'on récupère l'autorisation de circuler, on assiste au coucher de soleil sur le lac Titicaca côté Bolivie et voilà, on peut y aller. Côté Bolivie, le lac s'appelle Titicaca aussi, sauf que - toujours selon le président de notre île - quand on est en Bolivie, titi, c'est chez eux, et caca, c'est au Pérou. Alors que quand on est au Pérou, on nous apprend que titi c'est chez eux et caca, c'est en Bolivie. Un peu comme tirebouschtroumpf et schroumpfbouchon...



Le reste du récit (avant / après) :

Carnets de voyage
(avant et après)
Les étapes du road trip
Pérou
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