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Aavasaksa

A 17km du cercle polaire, la colline d'Aavasaksa est considérée comme le point le plus méridional de Finlande permettant l'observation du soleil de minuit.

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Créé le 14/03/2011 - Mis à jour le 28/02/2020 

Deux des principaux axes de transport de la Laponie finlandaise passent à proximité immédiate de la colline. Partie de la route européenne 8 surnommée localement « route des aurores boréales », la nationale 21 longe la Torne tandis que la voie ferrée de Laponie occidentale entre Tornio et Kolari passe immédiatement au pied d'Aavasaksa.

Du fait de son horizon dégagé vers le nord et de sa proximité avec le cercle polaire Arctique situé à dix-sept kilomètres plus au nord, la colline d'Aavasaksa est considérée comme le point le plus méridional de Finlande permettant l'observation du soleil de minuit.

Climat

Les précipitations avoisinent 550 millimètres, les mois d'été et d'automne étant les plus pluvieux12. Les fluctuations de la durée du jour sont considérables à proximité du cercle polaire. Du 15 juin au 6 juillet, le soleil brille sans interruption au cours du jour polaire. Lors du solstice d'hiver, le jour ne dure qu'un peu plus de deux heures avec en plus deux à trois heures de pénombre.

L'été et la période de végétation sont brefs et pluvieux mais la température y est relativement élevée au regard de la latitude. Juillet est le mois le plus chaud avec une moyenne des températures maximales de l'ordre de 20°C. L'automne est court avec une chute des températures rapide et se poursuit par un hiver long et froid avec une moyenne des minima en janvier à -15°C (le seuil des -30°C est franchi presque tous les ans). La première neige tombe habituellement autour du 20 octobre, le sommet étant en moyenne entièrement recouvert du 10 novembre jusqu'au milieu du mois de mai, la couche de neige atteignant en moyenne soixante centimètres à la mi-mars.

Faune et flore

Ylitornio faisant partie de la zone d'élevage extensif des rennes, en limite sud. Ceux-ci sont souvent rencontrés sur les flancs de la colline et ses environs immédiats. Une coopérative d'éleveurs, osuuskunta aavasaksan poro, est établie à proximité, la commune d'Ylitornio comptant au total 120 éleveurs et 2 268 rennes, à peine un par kilomètre carré. Les élans, plus rares, sont parfois observés.

La principale formation végétale d'Aavasaksa est une taïga, c'est-à-dire une forêt majoritairement composée de conifères comme des pins, des sapins et des épicéas, mais aussi de quelques feuillus comme des aulnes blancs ou encore des bouleaux. Le sous-bois est peu dense, le sol tapissé suivant les endroits de mousses, lichens ou de sous-arbrisseaux à baies, en particulier les myrtilliers communs ou les airelles rouges.

Histoire

Des premiers peuplements à l'implantation suédoise

La vallée de la Torne marque au Moyen Âge le coeur de la culture kvène. Ce peuple apparenté aux Finnois établit un royaume dans la région. Les sources écrites sont très rares, aucune n'étant plus ancienne que le 9ème siècle. La principale est la saga d'Egill, qui date de 1230 et décrit en détail le pays des Kvènes. Les premiers villages sont fondés le long des rivières et les Saamis nomades repoussés progressivement vers le nord. Les derniers Saami de Kemi disparaîtront de la région au milieu du 19ème siècle.

L'influence suédoise dans la région se fait plus forte dès le traité de Nöteborg. Le Traité de Teusina de 1595 entérine le contrôle de la région par les Suédois et la ville de Tornio est fondée en 1621. Affirmant leur emprise sur cette région, le roi Charles XI de Suède est le premier monarque à escalader le mont en 1694.

Le temps des explorateurs

Aavasaksa marque l'une des principales étapes de l'expédition Maupertuis en 1736 – 1737. L'envoyé du roi de France Louis XV débarque à Tornio le 18 juin 1736. L'objectif de sa mission est de mesurer la longueur d'un degré de l'arc méridien à hauteur du cercle polaire afin de déterminer avec plus de précision la forme de la Terre : aplatie aux pôles comme une mandarine, ce qui constitue la thèse de Newton, ou alors allongée comme un citron. Maupertuis part en repérage avant l'arrivée des autres membres de son expédition, suivant le gouverneur de la province jusqu'à Aavasaksa, dont il croit qu'elle est l'une des plus hautes montagnes du pays. Il y passe la nuit du solstice d'été et constate au cours de cette brève mission d'exploration que les montagnes de la région se prêtent à merveille à la réalisation de mesures de triangulation, contrairement aux îles du golfe de Botnie, qui s'étaient avérées trop plates. En raison de la vue dégagée depuis son sommet et de la présence d'un des seuls logements décents de la région au presbytère d'Ylitornio, Aavasaksa constitue le camp de base de ce dispositif de mesure.

Les écrits de Maupertuis et ceux encore plus complets de l'abbé Outhier marquent la première description écrite par des non-Nordiques de la vallée de la Torne en général et d'Aavasaksa en particulier, constituant à ce titre une mine d'informations sur la colline et son environnement au milieu du 18ème siècle. Ils subissent la räkkä, l'éclosion des mouches et moustiques qui rend difficilement supportable le début de l'été, puis l'hiver glacial. Ils décrivent les petits villages le long de la rivière, formés de quelques maisons et peuplés de Finnois agriculteurs, amateurs de sauna, le mode de vie nomade des Saamis qui suivent leurs rennes dans leur migration, les rapides infranchissables par des bateaux, les marais, les forêts à perte de vue, le ramassage de baies inconnues des Français ainsi que les maigres récoltes de seigle, d'orge, du houblon pour la bière et même de petites quantités de chanvre.

L'Arc de Struve et les autres expéditions scientifiques

En 1816, l'astronome Friedrich Georg Wilhelm von Struve se lance dans un colossal projet visant à mesurer la forme exacte de la Terre et l'ampleur de l'aplatissement des pôles. Il est amené au cours des quarante années suivantes à baliser avec d'autres membres de son équipe 265 repères géodésiques de triangulation s'étendant de la mer Noire à la côte de la mer de Norvège. Aavasaksa est choisi comme point de repère et marqué en 1845 par des assistants suédois de Struve, l'astronome étant alors retenu à l'observatoire de Poulkovo de Saint-Pétersbourg. La colline fut retenue par l'expédition pour les mêmes raisons que celles qui avaient attiré Maupertuis un siècle auparavant : son sommet était un des seuls lieux à pouvoir offrir un tel point de vue dans la région, un avantage décisif à une époque où les mesures d'angle entre les différents repères étaient effectuées manuellement. Les marques laissées par l'équipe de Struve, trois croix sculptées dans la roche du sommet, ne sont plus visibles aujourd'hui car recouvertes par une tour d'observation. En 2005, l'UNESCO choisit de classer l'Arc de Struve dans la liste du patrimoine mondial par le biais de 34 sites de mesures sélectionnés, dont celui d'Aavasaksa.

L'époque du tourisme

Aavasaksa est considérée comme la plus vieille destination touristique de Laponie finlandaise. Dès le milieu du 19ème siècle, les voyageurs se succèdent à son sommet, principalement au moment de la Saint-Jean. Une des traditions locales est alors de graver son nom dans la roche. Plus de 1 000 inscriptions ont ainsi été faites à proximité du sommet au cours du 19ème siècle. En 1878, le parc d'Aavasaksa est fondé avec des terres appartenant à l'État et fait l'objet de mesures de protection. Cette zone protégée concerne la partie la plus élevée de la colline, à proximité du sommet. En prévision de la visite du tsar de l'époque, Alexandre III, un chalet y est édifié en 1882 et constitue le premier bâtiment touristique jamais construit en Laponie. Malgré le renoncement du tsar à ce voyage, ledit chalet est encore fonctionnel aujourd'hui.

L'écrivain Zacharias Topelius passe la nuit de la Saint-Jean 1880 au sommet de l'Aavasaksa. Il est surpris par le nombre de personnes présentes, y compris le nombre d'étrangers, et par la ferveur de la fête pendant laquelle les Finlandais entonnent le chant patriotique Maamme, qui deviendra l'hymne national finlandais lors de l'indépendance de 1917. Les années suivantes voient les premiers voyages organisés atteindre Aavasaksa pour la Saint-Jean, le voyage aller-retour depuis les villes du Sud de la Finlande durant environ deux semaines.

Les années de l'après-guerre marquent l'explosion du tourisme de masse. Les grandes fêtes de la Saint-Jean réunissent jusqu'à 20 000 personnes sur la colline et le festival associé affrète un train spécial depuis Helsinki. En 1969, une tour d'observation construite exactement sur le sommet permet aux visiteurs d'observer un panorama à 360°.

En plus du festival de la Saint-Jean devenu confidentiel, un festival de rock, Aawastock, a été créé en 2002 et attire des milliers de personnes chaque année à la fin du mois de juillet.


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